Une journée de travail près de Rome
Un collègue passe me chercher à mon hôtel, nous allons en récupérer un autre à
Fiumicino en provenance de Milan et nous partons tous trois en direction du sud, en faisant une halte pour un
ristretto sur la plage d’Ostia. Nous longeons la côte et je reconnais avec amusement
Il Buco, la plage de drague pour garçons sensibles où P. avait absolument voulu aller lors de notre séjour romain d’il y a douze ans. Nous arrivons à Pomezia pour un rendez-vous chez un client. C’est une entreprise familiale et le patriarche qui l’a fondée participe aux discussions, l’air pimpant malgré ses 96 ans. Nous repartons tous ensemble à trois voitures en direction de la maison de famille pour un déjeuner d’anthologie : des
mezze maniche alla carbonara, sortes de
rigatoni courts absolument succulents, et un plat de viande comprenant du poulet au citron et des
abbacchia alla romana, et pour finir une salade de pêches blanches et jaunes à la saveur absolument incroyable.
Pendant le déjeuner, je me lie d’affection avec le patriarche qui m’avoue en toute simplicité qu’il est l’un des justes de l’Etat d’Israël. En effet, pendant la guerre, à la demande du gouvernement mussolinien, il a repris l’imprimerie de son concurrent juif mais, ce qui est moins banal, il a hébergé la famille de ce concurrent pendant toute la guerre et, en 1945, lui a rendu tous ses biens. Il m’emmène ensuite dans le jardin en me tenant par le bras, et me montre fièrement l’olivier que lui a offert l’Etat d’Israël. J’ai rencontré beaucoup de personnalité pendant mes années de travail, mais Mario, qui m’a invité à l’opéra de Rome en octobre prochain, est sans doute la personne qui m’aura le plus touché de toutes ces années.
Retour sur Rome où mon collègue me fait découvrir la jolie colline de
San Saba, qui fait face à l’Aventin, et où nous prenons un
Chin 8.
Le déjeuner fut tellement copieux que je m’endors sans dîner.