Un papillon sur l'épaule
Il y a deux semaines, j'ai observé qu'un petit bouton était apparu sur mon épaule gauche. Je ne m'en suis pas occupé outre mesure. Mais les jours passant, il a eu tendance à prendre du relief et à grossir un peu. Je ne suis pas du genre hypocondriaque mais je sais qu'il faut surveiller ce genre de trucs surtout quand on est comme moi un amoureux du soleil. En plus je ressentais un léger chatouillis (pas un gratouillis) autour de la chose, comme si la bête était en train de creuser la chair. J'ai donc préféré en avoir le coeur net et je suis passé ce matin voir une dermatologue.
Celle-ci m'accueille. Elle n'est plus toute jeune mais charmante. Mon cas décrit, elle m'invite à ôter ma chemise, met une sorte de casquette à ampoule incorporée et prend un air à la fois émerveillé et dégoûté pour regarder la chose. Verdict : une verrue. Berk.
Elle décide aussitôt de traiter la chose, se saisit d'un batonnet bien badigeonné à l'azote liquide (-196 °C) et me le flanque par deux fois sur l'épaule.
J'ai eu un bref instant de regret pour les jolies méthodes de la campagne de mon enfance où une guérisseuse avait pour habitude de frotter les verrues avec un morceau de lard, avant d'aller l'enterrer par une nuit de pleine lune. A la pleine lune suivante, la verrue disparaissait comme par enchantement.
Il parait que là, sous l'effet de l'azote liquide, elle va tomber d'elle même, comme une peau morte.