Le stylo ou la vie
La scène se déroule il y a juste une heure place de l'Etoile. Je me trouve près de la tombe du soldat inconnu, le téléphone à la main.
Mennuie est au bout du fil. Il se tient face à moi à l'angle de l'Avenue des Champs Elysées et de l'Avenue de Friedland. J'hésite à reprendre le tunnel piétonnier ou à traverser la place à pied, au milieu du trafic des voitures, plus calme qu'en journée. Une accalmie et je me lance... Au milieu de la traversée j'entends le bruit d'un objet qui tombe au sol. Il ne s'agit pas de mon Nokia. Je l'ai encore à la main et je suis en communication. Je me retourne. J'aperçois le capuchon doré de mon stylo. Je me penche pour le ramasser. Je cherche le reste du stylo, plus difficile à apercevoir dans la nuit car le corps est bleu sombre. Je fais quelques pas en arrière. Je l'aperçois, je m'en saisis. Je vois la file des voitures à l'arrêt sur les Champs Elysées qui s'élancent quand le feu passe au vert. Visiblement ils m'aperçoivent car ils ralentissent. Je rejoins le trottoir. Je ne suis pas mort ce soir. Quoique. Si je suis mort, qui va me prévenir?
Je propose le critère suivant: si tu es mort, et que ce n'est pas dans une catastrophe nucléaire, la plupart de ton entourage devrait avoir disparu.
Ou: si tu es mort, alors nous le sommes tous.
Alice -
email| 25.02.05 @ 22:47 >