La Cinquième Symphonie par l’orchestre Philharmonique d’Israel et Zubin Mehta
C’est un petit bois de bouleaux et d’herbes sauvages en plein milieu de la ville à l’angle de la
Kurfürterstraße et de la
Kielganstraße, à deux pas du
café Einstein. En l’apercevant fin mai, Antoine avait décrété que ce serait un endroit parfait pour jouer du Marivaux. J’y imaginerais pour ma part plus volontiers un Tchékov mais, peu importe, chaque fois que le verrai, il restera associé dans mon souvenir à Antoine. J’ai repris avec plaisir une
Rindsuppe et une
Wienerschnitzel (klein), je suis rentré à pied à mon hôtel de la
Friedrichstraße et j’ai pris un taxi pour
Tegel.
Arrivé à Paris, j’ai juste eu le temps d’une brève escale chez moi avant de me rendre à
Pleyel pour le concert français de la tournée de l’orchestre Philharmonique d’Israel sous la direction de son chef à vie Zubin Mehta. Comme je l’ai fait remarquer pendant l’entracte à
Paris Broadway, l’âge aidant, si l’on faisait un mélange de Leonard Bernstein et Zubin Mehta, en prenant soin de ne pas se tromper et en prenant la tignasse et la bouche chez Bernstein et le nez et la silhouette chez Mehta, on pourrait facilement se retrouver face à... Dominique Strauss Kahn.
En première partie, on pouvait entendre ce soir le
Premier Concerto pour violon de Bruch, celui que son compositeur avait fini par détester, tant sa célébrité faisait de l’ombre au reste de son œuvre. Vadim Repin, que je n’avais pas entendu depuis son
Prokofiev de 2009 interprète l’œuvre de façon particulièrement sensible et délicate, dévoilant des beautés cachées dans les deux premiers mouvements. On aurait juste aimé qu’il se lâche un peu plus dans le
Finale qui, comme celui du Concerto de Brahms, ne fonctionne vraiment que s’il est déchaîné. Zubin Mehta donne ensuite juste le départ des cordes, pour un long accompagnement répétitif des
pizzicati. C’est un bis virtuose et grand public que nous offre Vadim Repin , une œuvre que je ne connaissais absolument pas et dont le site de Pleyel m’apprend qu’il s’agissait du
Carnaval de Venise de Paganini.
La deuxième partie était consacrée à une vieille amie de Zubin Mehta, la
Cinquième Symphonie de Gustav Mahler. Elle était ce soir fort bien structurée, dirigée avec un vrai sens mahlerien, et jouée par un orchestre pas irréprochable, mais peut on être totalement satisfait lorsque l’on a entendu la veille les
Berliner Philharmoniker et précisément dans du Mahler ? Il est visible que l’orchestre éprouve un certain régal pour cette musique et j’ai souri de voir quelques kippas sur les têtes des musiciens, sans parler du joueur de triangle qui avait la tête d’un véritable patriarche de l’ancien testament.