La Huitième Symphonie par les Berliner Philharmoniker et Simon Rattle
Je suis arrivé vers dix heures à mon hôtel de la
Friedrichstraße et, après y avoir laissé ma valise, je suis parti en métro jusqu’à cet autre hôtel où j’avais passé
quelques jours début juillet. J’y avais oublié une chemise blanche et depuis, j’avais téléphoné et envoyé un e-mail mais sans jamais parvenir à savoir si elle avait été retrouvée. A ma grande surprise, la personne de la réception me confirme immédiatement que ma chemise blanche est bien là et je repars avec. J’ai toujours une tendresse spéciale pour les objets qui m’ont attendu des semaines ou des mois sans un hôtel lointain, et cette chemise achetée à
Schiphol créera en moi un sentiment particulier lorsque je la porterai. Je déjeune d'un
Sylter Frühstuck (café et petites crevettes) au
café Einstein, je fais un tour chez
Düssmann (trois nouvelles interprétations mahleriennes) et je rentre me reposer une heure à l’hôtel.
Je me suis rendu un peu à l’avance à la
Philharmonie, afin de vendre la place que j’avais achetée pour Antoine. Malgré son prix élevé, elle trouve très vite preneur, un abonné dont l’épouse est venue avec une amie, et qui avait donc besoin d’une place supplémentaire.
La scène de la
Philharmonie est pleine à craquer avec bien sûr les
Philharmoniker au grand complet (et même le mandoliniste entendu à Cologne), les chœurs de la radio de Berlin, et ceux de la radio de Leipzig (déjà entendus dans la même œuvre en mai). Comme il n’y a plus de place sur scène, certaines choristes se tiennent dans les escaliers latéraux, et les deux chœurs d’enfants sont totalement sur les côtés, près des sorties latérales. Il y a environ cinq cents exécutants, ce qui est largement suffisant pour remplir la
Philharmonie.
Alors que les
Deuxième, Troisième et
Huitième Symphonies de Mahler constituent presque toujours le programme entier d’un concert, Simon Rattle a une fois de plus choisi d’ajouter une introduction. Il s’agit cette fois ci de deux chœurs a capella:
Crucifixus, d'Antonio Lotti et le fameux
Motet à quarante voix de Thomas Tallis
Spem in alium, tous deux magnifiquement interprétés, mais de mon point de vue, bien inutiles avant la gigantesque
Huitième. Et elle est particulièrement grandiose ce soir, Rattle sachant merveilleusement exalter la ferveur de l’ensemble de ses troupes, et n’hésitant pas à se tourner vers le public pour diriger les chœurs d’enfants. Les solistes sont tous excellents, malgré deux remplacements de dernière minute Mathias Goerne par David Wilson-Johnson et Karen Cargill par Lilli Paasikivi. Rattle met merveilleusement en valeur le trio vocal entre la soprano la mezzo et la contralto pendant le deuxième mouvement. Pourtant, aussi beau que soit le concert de ce soir, il ne parvient à éclipser le choc formidable de la
Huitième de Leipzig, en mai dernier.
Je rentre à l’hôtel en métro, en songeant que le cycle Mahler berlinois s’achève. Il n’y manque plus que la
Neuvième début novembre et le
Chant de la terre, peu avant Noël.