Bayreuth
Il fait gris en ce dimanche bavarois. Après un petit déjeuner
bretzel-jus-de-pomme dans le
Stadtmitte, je prends la route pour Bayreuth où je récupère
Philippe(s) devant son hôtel et nous partons ensemble pour Bamberg. Courte marche dans le centre ville où je me trouvais déjà
quelques mois plus tôt. Nous nous rendons à Baunach, à quelques kilomètres de là pour un déjeuner plutôt agréable dans la salle vide du restaurant
Rocus, tout le monde étant en terrasse. Le repas est entrecoupé de la sonnerie du passage à niveau et du train Breitengüssbach–Ebern qui fait ses allers retours sur la voie unique.
Peu après deux heures, nous prenons la route pour Bayreuth car
Parsifal n’attend pas et mon passager m’a indiqué être stressé de nature.
Nous arrivons donc avec près d’une heure d’avance, ce qui est parfait pour profiter du cérémonial de Bayreuth que je découvre : avant l’opéra et pendant chaque entracte, les cuivres de l’orchestre jouent depuis le petit balcon du
Königsbau la une fanfare tirée d’un
Leitmotiv de l’acte qui va être joué. La fanfare est jouée une fois, un quart d’heure avant le début de l’acte, deux fois cinq minutes plus tard, et trois fois, cinq minutes avant le début de la musique. Et à cet instant précis, les portes sont toutes fermées de l’intérieur. Les retardataires sont ainsi prévenus :
Raus !
On dit souvent que Bayreuth est une expérience unique et je dois bien reconnaître que c’est la réalité. L’orchestre composé uniquement de musiciens de haut niveau (un peu comme Lucerne) est incroyable, la salle est recueillie et bien sûr, il y a l’acoustique unique, avec la fameuse fosse orientée vers la scène, les voix étant toujours claires et jamais recouvertes par l’orchestre. J’ai moyennement adhéré à la mise en scène alambiquée de Stefan Herheim qui a choisi d’utiliser
Parsifal comme un lieu de l’histoire de l’Allemagne à travers tout le vingtième siècle et jusqu’à la démocratie, la villa
Wahnfried en étant le fil conducteur. Cela laisse une impression étrange un peu comme si Stefan Herheim nous disait : "
Bon, je dois vous raconter l’histoire de Parsifal, mais elle ne m’intéresse pas du tout, alors je choisis de vous en raconter une autre". Il y a évidemment des idées et des connexions complexes qui m’ont échappé pendant ce spectacle mais je me demande bien qui dans la salle parvient à les capter et c’est le problème principal de Stefan Herheim dont j’avais déjà vu le
Rusalka à la
Monnaie voilà deux ans : il a tellement d’idées que l’on est totalement submergé d’images et de pensées, pour ne pas dire saoulés.
Il reste bien sûr l’orchestre et les chanteurs, d’un niveau absolument inouï et sui font que je n’entendrai sans doute pas de sitôt un aussi beau
Parsifal.
A 22H15 je quittais la salle au début des applaudissements afin d’éviter l’embouteillage de l’immense parking et je prenais la voiture pour Francfort où je suis arrivé peu après minuit. En passant à Schweinfurt et au vu du panneau
Industrie und Kunst, j’ai pensé à toi Alban Berg.
Un grand merci à celui sans qui je ne connaitrais pas le
Festspielhaus.