Une rupture par e-mail
Nous passons la journée à l’hôtel. Dans la matinée, Antoine répond à mon SMS par un simple
????. Je demande à lui parler au téléphone. Il me rappelle depuis la bibliothèque du
Centre Pompidou, me confirme que je n’ai pas à m’inquiéter, mais de nouveau, je le sens distant.
Dans l’après midi je lui envoie deux SMS, l’un lui disant que j’ai hâte de passer la nuit de lundi soir avec lui, l’autre pour lui dire ma nostalgie de mon séjour à New York, lorsque je lui souhaitais bonne nuit dans l'après midi et que je l’appelais pour le réveiller le soir juste avant de me coucher.
Nous dînons à l’hôtel. Il y a un incendie dans les environs et les vents nous apportent des petites cendres de fougères noiresqui se posent sur la nappe et la salissent. Nous faisons avec mes filles des parties de cartes sur lesquelles j’ai beaucoup de mal à me concentrer et alors que nous nous apprêtons à dormir,
je reçois à 23h39 l’email suivant qui répond à mes questions de ces dix derniers jours:
Vincent,
je suis désolé de la lâcheté de ce mail mais je ne vois pas comment faire autrement. Le téléphone est impossible et te mentir jusqu'à ton retour ne serait pas honnête. Je ne voulais pas gâcher tes vacances avec tes filles, c'était trop important pour toi mais je dois te dire que je ne me vois pas continuer une histoire avec toi. Je ne ressens pas les sentiments que tu éprouves. J'en suis désolé.
J'ai énormément apprécié les moments avec toi et je n'ai jamais fait semblant. Je ne sais pas quoi te dire exactement. Il doit y avoir des milliers de raisons mais les exprimer serait idiot et je ne sais même pas si j'y arriverais. Si je ne répondais pas à tes messages, ce n'était pas mépris ou par méchanceté mais seulement par faiblesse. Je n'arrivais pas à mentir ou à faire semblant car tu mérites qu'on te dise la vérité. C'était d'ailleurs un de nos accords, ne jamais se mentir, toujours dire la vérité. Tu vas sûrement penser que je t'ai menti mais je t'assure que ce n'est pas vrai. Il est vrai que tes soupçons étaient fondés mais mes réponses n'étaient que des questions que je me posais car j'ai voulu y croire même durant ces derniers jours.
Par ce mail, je ne conclus pas en te disant que je ne veux pas te revoir. Je ne sais pas s'il faut en discuter. Sûrement. Si tu le souhaites en tout cas, je serai présent. Je me rends compte de la brièveté de ce mail et je trouve cela terrifiant mais je dois être honnête envers toi et te dire clairement ce qu'il en est.
Encore une fois désolé, je ne sais pas quoi dire de plus.
Antoine