Das Rheingold au Staatsoper am Schiller Theater
Bien que j’arrive à dix heures pétantes à l’ouverture de l’exposition
Hitler und die Deutschen, les espaces du musée sont déjà remplis à ras bord d’un mélange de berlinois, de touristes et sans doute de quelques nostalgiques. C’est la première fois que des objets du culte hitlérien sont ainsi exposés et qu’on le veuille ou non, cette époque fait vendre. L’exposition est bien sûr sans concession aucune vis à vis du régime nazi, elle vise seulement à faire comprendre la fascination que Hitler a pu exercer sur le peuple allemand.
Dans l’après midi, il fait gris et je me décide à aller à l’Institut Français où il passe le film
Gainsbourg dont je n’ai vu qu’un bout en avion à mon retour de Los Angeles. Je pars un peu juste, je rate la bonne entrée de métro de
Potsdamer Platz, puis je rate la correspondance à
Wittenberg Platz. Je décide de faire le parcours correspondant aux deux dernières stations de métro à pied et j’arrive avec dix minutes de retard à l’Institut Français. Le film n’a pas commencé mais je découvre qu’il est en version... allemande ! Je repars aussitôt.
Le soir, je me rends au
Schiller Theater, où la troupe et l’orchestre du
Staatsoper ont émigré le temps de refaire une beauté au vénérable bâtiment d’
Unter den Linden. Le
Schiller Theater est un théâtre construit un peu à la va vite après guerre. Il a été rafraichi, afin d’accueillir dignement la belle saison d’opéra et de concerts du
Staatsoper. La représentation de ce soir, qui nous vient de la
Scala, a été réalisée par un certain Guy Cassier qui semble être à la mise en scène ce qu’est Gérard Mortier à la direction d’opéra, belgitude comprise. On aura donc droit à tous les poncifs d’un opéra prétendument moderne. Les décors sont laids et froids, les personnages sont un mélange de Luc Besson (Le Loge de Stephan Rügamer ressemble à Dominique Farrugia déguisé en
Mad Max), de Sissi impératrice (les déesses), voire de rien du tout (Les géants sont en costume de velours noir, faisant ressembler l’infortuné Matti Salminen (Fafner) à l’ancien secrétaire de Force Ouvrière Marc Blondel, bedaine et lunettes comprises. Ajoutons à cela des projections vidéo pour faire branché, et une troupe de danseurs aussi inutile qu’omniprésente, et l’on peut se demander ce qu’il reste de Wagner dans l’océan navrant de bêtise de Monsieur Cassier. Les voix sont inégales. Celle de Matti Salminen semble bien usée, le Wotan de Hanno Müller-Brachmann tient plus du cadre administratif catégorie C3 que du maître des Dieux. Il reste une magnifique Erda (Anna Larsson) et d’excellentes filles du Rhin. La soirée est sauvée du naufrage par la musique de Wagner et par la
Staatskapelle et son chef qui nous offrent de sublimes interludes orchestraux et un accompagnement merveilleux depuis la fosse qui comme à Bayreuth est profondément enfoncée sous la scène. Aux salutations, l’orchestre vient saluer au complet en fond de scène, juste le temps pour Daniel Barenboim qui dirige en chemise, d’enfiler une redingote noire.
Il me faut bien une
Wienerschnitzel chez
Lutter & Wegner pour me réconforter d’une telle soirée.
Bon, faisons un calcul : si le 18577ème jour était le dernier dimanche d'octobre, je devais être dans la même salle, avec des impressions analogues devant la mise en scène. Le dîner, je pense qu'il a dû se passer au Florian, plutôt que chez Lutter et Wegner. Pour l'exposition sur Hitler, le plus fascinant était la jeunesse des visiteurs et leur très grande attention.
zug | 11.02.11 @ 22:51 >