18535^ème jour

Leander XIII

Il est aussitôt arrivé, portant, ainsi que je le lui avais suggéré, sa belle redingote noire. Comme il était gêné de se faire inviter dans un endroit un peu chic, j’ai annulé ma réservation au Bam Bou et nous sommes allés dans une brasserie de la vieille ville. Je le sentais un peu mal à l’aise de cette rencontre dans la vie réelle et, après avoir parlé de ses études, lorsque la conversation a tourné vers notre surprenante entrée en relation il a tenu à me dire quelque chose comme : ”You know, I think it is more honest on my side to tell you right now that I am not at all attracted by men. I understand from your messages that you are attracted by me and I feel very flattered, but between us, it can never be more than friendship.”. Je ne savais pas trop quoi penser de cette déclaration. En un sens, je devais me sentir heureux qu’il ait souhaité me rencontrer malgré tout, et surtout, il était merveilleux d’avoir son beau visage et ses cheveux d’ange à trente centimètres devant moi et de pouvoir les contempler à loisir. Mais au fond de moi, il y avait une profonde déception que je n’arrivais pas à surmonter. L’ambiance était un peu cassée même si j’essayais de me comporter comme si de rien n’était. A l’issue du dîner, nous nous sommes salués devant le restaurant sans se dire si l’on se reverrait. Il est rentré chez lui à pied, et moi, je suis retourné à mon hôtel.
Ce qui précède était la version A de ma rencontre avec Leander.
Voici la version B:
Je l’ai attendu une dizaine de minutes, le temps pour lui de vérifier qu’aucun spectateur n’avait oublié un effet personnel sur la section de la salle dont il a la charge, puis de se changer. Il est arrivé souriant, dans un blouson de laine grise. Nous sommes partis en direction du Bam Bou en échangeant nos impressions du concert, comme si nous étions déjà de vieux amis. Il était content d’apprendre que ce restaurant faisait partie de The Hotel, l’endroit semble réputé à Lucerne, merci Paris Broadway. La salle du Bam Bou est en sous sol, très belle, toute de rouge et noir, avec des textes en calligraphie chinoise dorée sur les murs. L’endroit, imaginé par Jean Nouvel, était aussi une belle transition avec le KKL. Je lui ai donné les deux petits cadeaux que j’avais commandé à son attention à un libraire de Lucerne, depuis Paris: Le Ravel de Jean Echenoz, et les mémoires de Lorenzo Da Ponte, tous deux bien sûr en version allemande. Il ne les a pas ouverts mais avait l’air touché de l’attention. Nous avons donc fait connaissance dans la vraie vie. J’ai ainsi découvert à ma grande surprise que Leander est un garçon très sportif. Pendant l’hiver, il adore escalader pendant six heures le sommet d’une montagne, son snowboard sur le dos et redescendre en hors piste. Il pratique aussi le Kung Fu depuis quelques années et cet été, il a passé deux mois dans un monastère perdu au fin fond de la Chine, auprès d’un Maître, pour se perfectionner dans cette discipline. Nous avons beaucoup échangé pendant ce dîner, à propos de philosophie, de musique, de voyages, de l’état de la planète et d’écologie. On a bien sûr reparlé du moyen particulier par lequel je suis entré en contact avec lui. Il parle assez bien le français même si nous n’avons échangé quasiment qu’en anglais. Il adore Paris et aimerait venir y étudier l’année prochaine dans le cadre d’Erasmus et il viendra d’ailleurs passer quelques jours de vacances en France début octobre.
Nous avons quitté le restaurant et je l’ai accompagné en direction de chez lui par le Kappel Brücke. Nous nous sommes salués en se promettant de se revoir très vite.
Et voici la version C :
Dès que je l’ai vu, je me suis demandé ce que j’avais bien pu lui trouver pendant le concert Abbado. Il y avait une certaine grâce à observer sa silhouette, mais alors que je l’observais de près, je me rendais compte qu’il y avait une rusticité paysanne dans son visage, rien de l’élégance que j’avais cru percevoir un mois plus tôt. Nous sommes quand même allés au BaM Bou, une belle salle en sous sol de l’hôtel qui s’appelle sobrement The Hotel. L’androit pourrait d’ailleurs s’appeler le coup de bambou, tant il est cher, merci Paris Broadway. Leander avait l’air content de me voir, pas intimidé du tout, moi j’étais gêné de ne rien ressentir pour lui, un peu honteux de m’être emballé aussi vite. On a parlé de tout et de rien, de ma vie, de la sienne, de ses études et de nos voyages, des endroits où il aimerait aller, de Paris et de la Suisse, de son travail au KKL.
Alors que nous nous séparions près de la Hauptbahnhof, il m’a donné son numéro de téléphone et je me suis senti obligé de lui donner le mien.

C’est maintenant à toi, cher lecteur, de décider ce qui s’est réellement passé de soir là. En fonction de ton choix, j’orienterai ma vie dans un sens ou un autre. Je n’ai plus envie de décider, je préfère céder à la douce tentation d’être la marionnette de tes désirs.

Bien entendu, le dernier paragraphe est pure flatterie, voire un élégant mensonge... s'il y a une vérité, je la verrai bien comme un mélange des trois versions.

C'est clairement la D que la bienséance t'empêche d'écrire sur ce blog...

Ben moi, j’ai un faible pour la B… surtout qu’il y a des cadeaux, comme dans les autres histoires rapportées ici.

Rien de tout cela n'est jamais arrivé, Leander n'existe pas, pas plus qu'Abbado d'ailleurs.

Jaimerais que ce soit la B.

Pas très convaincu, j'opte cependant pour la version A...
Le beau Leander aurait pris peur.

Le problème de la version B, c'est qu'elle ne colle pas avec les épisodes précédents... Et pour ce soir, j'ai envie de croire à une version D qui vous aurait emportés sur la valse des Divertimento...

J'adore ce genre de jeux, je me lance.
La version B ressemble au début de Mulholand Drive: un sportif alpin qui a un maitre en chine et qui parle de philosophie, de musique, de voyages, de l’état de la planète et d’écologie pendant le diner (oh la la, quel ennui !) dans un décor sophistiqué ? On a l'impression qu'une adolescente est en train de rêver après avoir lu OK magazine et en regardant un feuilleton de série Z. Si cette version est la bonne, le chat magnétique plonge dans un bain d'eau froide.
Donc j'hésite entre A et C.
Dans la version A, il y a une phrase qui ne ressemble pas trop à ce qu'écrit habituellement Mr Gvgvsse ("Mais au fond de moi, il y avait une profonde déception que je n’arrivais pas à surmonter") et j'ai du mal à croire que si Leander est arrivé jusque là, il est "not at all attracted by men".
Au fond la version C est celle qui sonne le plus juste ("et je me suis senti obligé de lui donner le mien") et j'ai l'impression que c'est la seule qui laisse une ouverture sur un choix futur. Malheureusement, la version C est plus banale que la version A.
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Moi je suis un peu déçue par la tournure des choses. peut-être l'impression d'avoir été menée en bateau finalement jusqu'à présent. Mais pourquoi pas ? un saga bis ?

La version A sonne vraiment faux. La C aussi.
A mon avis, la réalité est entre la B et la D !

Cher chat magnétique, ma baignoire remplie d'eau glacée est à ta disposition. Cette soirée s'est strictement déroulée selon la verson B.

un mix sportif ? Nous avons beaucoup échangé pendant ce dîner, à propos de philosophie, de musique, de voyages, des hommes. Il parle bien le français même si nous n’avons échangé quasiment qu’en anglais. Il adore Paris. Nous avons quitté le restaurant et nous avons marché jusqu’à mon hôtel. Durant 6 heures nous avons escaladé des monts, dévalé des pentes abruptes et goûté à la saveur des neiges éternelles. Combats chinois, je garderai le souvenir de ses lèvres, plénitude du mont Tibet.

miaougloups.
Bon, j'ai toujours pensé que Mulholand Drive était un très beau film.
J'aurai bien sur du deviner que la version B qui me semblait rêvée, c'est à dire "merveilleuse", était la bonne puisque la vie que monsieur gvgvsse décrit ici est également "merveilleuse". Je me sens assez mortifié d'avoir écrit ce que j'ai écrit, ça vaut pour un bain glacé.
Comme quoi, les chats, surtout lorsqu'ils sont magnétiques, devraient s'abstenir de raisonner ...

Version B, la plus étayée, semble la plus crédible!

Je vote C aussi. Il faut éventuellement aller pêcher dans A et B pour la complèter ?

C'est un suisse alémanique?

oui!

quand est ce que l'on quitte le 18 535 ème jour ? octobre maudit ?

Leander, a-t-il pu venir a Paris, comme prevu, malgre les greves?

bon et alors ?

déjà le 4 novembre c'est pas qu'on soit inquiet mais quand même : une mission très très loin ? un super truc amoureux trop prenant ? la boîte boulot est en faillite ? ras le bol d'écrire sur le blog ? un nouveau jeu ?

La suite ! la suite !

La suite ! la suite !

le 24 octobre 14h59 monsieur gV était encore vivant, quelqu'un a t il la liste des catastrophes aériennes depuis cette date ? nom des blog des victimes

Il était écrit dans le dernier billet "C’est maintenant à toi, cher lecteur, de décider ce qui s’est réellement passé de soir là. En fonction de ton choix, j’orienterai ma vie dans un sens ou un autre."

Suite à vos commentaires, gV a donc démissionné, et est parti vivre d'amour et de concerts avec Leander, ils auront beaucoup de petits garçons qu'ils prénommeront Mahler. Libre à vous d'imaginer la conclusion de cette histoire...

vivre d'amour et de malher super, mais nous là qu'est-ce qu'on devient dans l'histoire...il aurait pu au moins nous dire au revoir, prévoir sa succession, il devrait y avoir une charte des bloggeurs prévoyant les conditions d'abandon snif snif snif snif snif

vivre d'amour et de malher super, mais nous là qu'est-ce qu'on devient dans l'histoire...il aurait pu au moins nous dire au revoir, prévoir sa succession, il devrait y avoir une charte des bloggeurs prévoyant les conditions d'abandon snif snif snif snif snif

le premier qui écrit encore malher avec le H après le L est banni de ces pages!

...ça y est , il est de retour !!!
P.S. Il y a des gens qui écrivent "Malher" comme d'autres disent " Litz" pour Liszt ...

Tres bonne technique ce H apres le L. Elle m'a l'air d'avoir reussi a faire sortir gV de ses gonds !.

клас :-) завяжу на узелок

Ñîãëàñåí, âàøà ìûñëü áëåñòÿùà