Où je retrouve Eric Artz
Aujourd’hui c’est un jour un peu triste car il y a un an, je rencontrais G. pour la première fois. Je n’arrive pas à oublier, je n’arrive pas à le détester, j’ai quelques nouvelles par ma bonne fée. J’ai même appris qu’il avait revu son bourreau et sans doute plus encore. Cela me conforte dans l’idée qu’il n’aurait jamais pu me rendre heureux et qu’il vaut mieux avoir très mal pendant quelques jours que d’être malheureux tous les jours.
Si tu me lis, G., je te souhaite de rencontrer la personne qui te rendra heureux.
Alors que je déjeune avec mes filles dans un petit bistro de la rue de Courcelles, j’ai juste derrière moi Pierre Tchernia, dans un fauteuil roulant, mais dont la voix n’a pas changé.
En début d’après midi, l’une de mes filles m’accompagne au récital donné par Eric Artz dans l’amphithéâtre de la Cité de la Musique. C’est avec un plaisir immense que j’ai retrouvé Eric dans un programme magnifique qui commençait par les deux nocturnes de l’opus 9 de Chopin. Alors que commence le premier nocturne, pris magnifiquement à un tempo inhabituellement lent, un bruit bizarre, semblable à celui d’un aspirateur se fait entendre en coulisse et dure, dure jusqu’à ce qu’Eric Artz termine abrutement le nocturne par une pirouette en deux arpèges et aille demander ce qui se passe. Il revient quelques minutes, et le programme peut reprendre, ou plutôt, recommencer. Après les deux nocturnes, ce sont les impromptus de l’opus 90, absolument magnifiques. Eric Artz choisit au dernier moment de remplacer le quatrième impromptu par la Fantaisie-Impromptu de Chopin. Le programme s’achève par la rapsodie hongroise N°2 de Liszt, oeuvre fétiche d’Eric Artz que j’avais déjà entendue sous ses doigts et qui lui convient à merveille, avec ses passages lents et tendres et d’autres d’une virtuosité incroyable. La salle pleine à craquer fait un triomphe mérité à Eric Artz qui nous offre deux bis magnifiques : la troisième consolation de Liszt et l’Etude révolutionnaire de Chopin, qu’
un petit garçon de neuf ans avait joué il y a fort longtemps dans l’Ecole des fans, devant un Jacques Martin ébahi.
Après le concert, nous visitons l’exposition de Duane Hanson, avec ses personnages grandeurs nature, bien plus réalistes que n’importe quel musée Grévin. Je demande à mon ami Eric de tenir la pose sur une chaise pour faire croire aux visiteurs qu’il est lui même l’une des statues, mais sans succès.