La Huitième à Stockholm
J’ai un peu hésité à me rendre à Stockholm pour ce festival Mahler qui programmait l’intégrale des œuvres en douze jours. J’appréhendais la qualité inégale des orchestres (à peu près tous les orchestres symphoniques des pays nordiques), mais le fait de me rendre pour la première fois dans le grand bâtiment bleu où l’on remet chaque année les prix Nobel me tentait beaucoup. L’existence d’un vol
Ryan Air à 32 € aller retour a achevé de me convaincre. C’est la première fois que je prenais un vol
Ryan Air depuis Beauvais et je dois reconnaître que tout y est bien organisé. Il faut à peine une heure de voiture pour se rendre à Beauvais, les parkings sont proches de l’aérogare et bon marché, l’enregistrement est fluide et le vol était parfaitement à l’heure.
Lorsque l’avion a fendu les nuages pendant sa descente, j’ai aperçu le sol et les lacs glacés couverts de neige et j’ai de nouveau un peu regretté. Nous avons atterri, non pas à mon cher
Arlanda, mais à
Skavsta, l’aéroport de Nyköping (cela se prononce New Shopping) et il a fallu de nouveau une heure de bus pour attendre Stockholm. C’était peu gênant, j’avais tout mon temps.
A dix neuf heures ce soir, j’ai donc enfin découvert le
Konserthus dont la façade de temple grec néoclassique arborait pour l’occasion un hideux profil coloré de Mahler découpé en trois bandes verticales et fabriqué à partir d’une tout également hideuse peinture prêtée par Gilbert Kaplan qui dirigeait la seule œuvre de son répertoire le week-end précédent. La salle de 1926, fort belle, a hélas été un peu abimée dans les années 70, à l’occasion de travaux dont j’imagine qu’ils ont détruit le plafond original, pour installer des lignes d’éclairage modernes. Dans le hall du
Konserthus, se tenait une mini exposition Mahler avec une quinzaine de grandes photographies ultra connues, elles aussi prêtées par la fondation Kaplan et une reproduction en format un peu réduit du
Haüschen de Toblach. Je suis resté en arrêt devant la photo où l’on voit Mahler se promenant dans Central Park avec sa fille Anna âgée de huit ans environ. On peu à peine reconnaître les traits de Mahler, mais cette photographie dégage beaucoup de tendresse.
La
Huitième jouée par l’Orchestre Philharmonique de Stockholm sous la direction de son chef Sakari Oramo était fort honorable, les solistes féminins étaient bien supérieurs à leurs collègues masculins mais le point fort de cette soirée était l’excellent équilibre entre les chœurs et l’orchestre. On entendait notamment parfaitement bien le chœur d’enfant (cinquante petits chanteurs) alors qu’ils sont le plus souvent en sous équilibre chronique. Bel usage de la galerie d’orgue qui surplombe la scène où la belle Hannah Holgersson est apparue un peu avant son apparition dans le rôle de
Maria Gloriosa.
Standing ovation de la salle apparemment très fière de son orchestre.