Remake
Aujourd’hui, j’ai rendez vous avec une vieille connaissance. Comme la
première fois, je gare ma voiture quasiment devant la porte et je retrouve Emmanuelle qui finalise mon dossier et me fait payer à l’avance. "
Comme cela, lui dis-je,
si je meurs pendant l’opération, vous serez quand même payés!" Puis Emmanuelle m’accompagne dans la même petite salle et je me déshabille entièrement. J’enfile juste un ridicule cache sexe en polyester et une sorte de blouse qui, un peu comme celle que l’on porte chez certains coiffeurs, s'enfile par devant. Je dois même mettre une ridicule charlotte, elle aussi en polyester. On me donne un minuscule cachet blanc, "
l’équivalent de deux verres de whisky", m’assure-t-on.
Peu de temps après, je me rends au bloc, encore une fois le même que la dernière fois. Je ne sais si c’est l’effet du cachet, mais pendant les quarante minutes de l’intervention, j’ai l’humeur badine et je plaisante, je parle de Bucarest avec l’assistante roumaine qui est impressionnée par ma connaissance intime de la ville. Je ferme les yeux autant que je peux, mais il faut parfois les ouvrir en grand malgré le spot éblouissant qui domine la table où je suis allongé. Le plus douloureux, sans l’être d’ailleurs vraiment, ce sont les quatre piqures d’anesthésie locale. Le reste fait au bistouri (du
douze si j’ai bonne mémoire) est un jeu d’enfant. Je sens parfois un petit filet de sans chaud le long de ma joue, vite épongé par une main experte. Le tout est fait rapidement, en une vingtaine de minutes, de droite à gauche, puis recousu par du fil, du
5/40 si là encore ma mémoire ne me fait pas défaut. Je reviens dans le petit box sur mes jambes, même pas groggy. La douleur, légère, vient peu à peu, mais après une demi-heure de repos, je me rhabille et j’attends le moment du départ. C’était plus bénin que la dernière fois, il s’agissait juste d’ôter quatre petites poches graisseuses assez laides, deux au dessous de chacun de mes sourcils, et les deux autres, plus petites à la limite extérieure de chaque œil.
Je prends le volant deux heures après le début de l’intervention, protégé par mes belles
Ray Ban flambant neuves et je prends la direction d’Orly pour le vol de Lisbonne.
Le soir alors que nous travaillons dans le lobby de l’hôtel, mes collègues se foutent gentiment de ma gueule.