Retour au Musikverein
Cela devient presque une habitude de me rendre au
Musikverein, de récupérer mon billet au petit bureau de la
Bösendorferstraße, de déposer mon caban au vestiaire pour soixante quinze centimes, et de m'installer dans la sublime
Goldensaal. Ce soir c'est de nouveau les
Wiener Symphoniker qui sont là pour un concert de musique russe. Lise de la Salle et Fabio Luisi entrent en scène, mais alors que la pianiste s'assoit au
Steinway, le chef repart aussitôt en coulisse à l'étonnement général. Il revient avec la partition et tout le monde sourit. Lise de la Salle est une pianiste surprenante et c'est avec une grande vigueur qu'elle a interprété ce soir le
Deuxième Concerto de Rachmaninoff. Elle a démarré les premiers accords très lentement, avec une force contenue, avant que ne se déclenche toute la violence de cette oeuvre magique. En bis, Lise de la Salle joue la transcription de Busoni du Choral de Bach
Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ. La salle enthousiaste acclame la jeune pianiste et on sent dans les regards de certains Philharmoniker qu'ils apprécient la noble profondeur de ce que l'on vient d'entendre.
Un verre de
Sekt et un
apfelstrudel plus tard, c'est la
Cinquième Symphonie de Tchaikovsky, que, sauf erreur de ma part, je n'avais pas entendue au concert depuis une mémorable interprétation d'Herbert von Karajan au théâtre du Chatelet en... 1981.
Je rentre à mon hôtel dans la nuit avec en tête la terrible rengaine du dernier mouvement.