Nuit
Il est quatre heures. Je ne trouve pas le sommeil. Tous les membres français de ma liste Trillian dorment et les américains doivent être sortis. Ces heures du milieu de la nuit me rappellent toujours cette belle formule de l'introduction d'
Alexis ou le Traité du vain combat :
"cette heure sans lumière où l'on voit si peu qu'on ose presque avouer tout".
J'aurais tant d'aveux à faire : aveux de faiblesse, aveux d'impuissance, aveux d'ignorance, aveux de paresse, aveux de flagornerie.
Nom, prénom, profession, et votre carte de trahison!
J'avoue aussi penser à toi que je connais pas encore.
Avec qui fais-tu l'amour? Avec qui fumes-tu ta cigarette? Nous avons tant parlé que nous nous sommes tout dit, même ce que l'on ne dit qu'avec précaution à son frère d'armes.
L'autre jour à Aix la Chapelle, je confiais à mon vieil ami Gaëtan qu'après m'avoir longtemps tourmenté, la perspective de la mort ne m'effrayait plus. Je me suis accoutumé à la vieille salope. Il m'a répondu que celà ne le surprenait pas, car en général, on meurt comme on a vécu. Ceux qui n'ont pas eu peur de la vie ne se montrent pas effrayés par la mort.
Pourtant ce soir, ou ce matin, j'ai peur. J'ai peur du lendemain, j'ai peur d'avoir mal, j'ai peur de te faire du mal. J'éprouve un sentiment puissant qui m'invite à avancer car tu es mon avenir, mon demain, mon passage obligé, mon ostinato. Je suis le moustique dans la nuit aveuglé par le phare du véhicule, fasciné par ta magie. Allume grand tes lumières. Je n'ai pas peur de l'obstacle qui surgit.
Nathanaël, je t'enseignerai la ferveur.
Une existence pathétique, Nathanaël, plutôt que la tranquilité. Je ne souhaite pas d'autre repos que celui du sommeil de la mort. J'ai peur que tout désir, toute énergie que je n'aurais pas satisfaits durant ma vie, pour leur survie ne me tourmentent. J'espère, après avoir exprimé sur cette terre tout ce qui attendait en moi, satisfait, mourir complètement désespéré.
A.Gide, Les nourritures terrestres
Turtle songeur... -
email| 13.06.03 @ 13:14 >
J'ai peur depuis trois mois. Depuis que j'ai compris la profondeur du chagrin qu'on peut ressentir et qu'on peut causer.
Il faudrait ne pas aimer et ne pas être aimer. Mais il est déjà trop tard.
Alice -
email| 15.02.05 @ 08:02 >