La neige, l’aéroport de Minsk, le vol Belavia pour Moscou, Purple Legion, Haydn, Mozart, Beethoven, Sasha, le café Pushkin et Simon ou Une journée bien remplie
Les rues de Minsk étaient recouvertes d’une belle couche de neige lorsque le chauffeur de taxi est venu me chercher à l’hôtel un peu avant 7h30. Il a roulé avec une très grande régularité sur l’autoroute blanche avant de me déposer devant l’aéroport désert. J’ai rapidement enregistré mon bagage et, après le contrôle des passeports, je suis allé attendre dans la salle d’embarquement meublée de grands fauteuils de cuirs profonds. Au bout de quelques minutes, la
babouchka qui avait contrôlé mon passeport et mon visa russe me fait signe de la suivre. Elle me parle en russe, et me fait comprendre que c’est important mais pas grave. Je la suis dans des couloirs étroits et nous descendons dans les entrailles de l’aéroport jusqu’à la salle de contrôle des bagages de soute. Il y a la deux types qui me montrent l’image du scan et en particulier sur l’écran un objet bizarre que j’ai du mal à identifier et qui visiblement est interdit. Je le regarde attentivement, cela ressemble à un masque vénitien, peut-être une petite radio avec deux haut-parleurs mais cela ne ressemble à rien de ce qui est dans ma valise. Je demande de quel bagage il s’agit et ils me montrent une valise qui n’est pas du tout la mienne. J’ai eu un peu de mal à expliquer qu’il ne s’agissait pas de mon bagage, mais après vérification, ils m’ont laissé repartir. Peu après j’embarquais dans un
Canadair pour le vol de Moscou. Le vol est très court entre Minsk et Moscou, une heure à peine et, en l’absence de frontière entre la Biélorussie et la Russie, il n’y a qu’un rapide contrôle des passeports à la sortie de l’avion et aucune autre formalité administrative. La fiche d’entrée en Biélorussie reste valide pour le séjour en Russie. Comme lorsque j’étais allé à Saint Pétersbourg à Pâques, j’ai repris le train très rapide qui va de
Domodedovo à la gare de
Paveletskaya, j’ai acheté une carte pour vingt trajets en métro et je suis allé à l’hôtel par la ligne circulaire. Dans l’après midi, je me suis rendu au magasin
Purple Legion, qui m’avait été recommandé par une spectatrice su Conservatoire Tchaikokski lors du séjour précédent. C’est un magasin de disques sur la rive sud de la Moskova, sur la rue
Novokuznetskaya, encore typique de l’ancien Moscou avec son vieux tramway et ses maisons basses anciennes.
Le soir je me suis rendu sous la neige au Conservatoire Tchaikovski pour un concert Haydn Mozart Beethoven de l’orchestre de Nouvelle Russie qui démarrait par le concerto en ré majeur de Haydn que j’entendais donc pour la seconde fois en un mois dans le Conservatoire. Suivait le Vingtième Concerto pour piano de Mozart dirigé du piano par Justus Frantz. J’ai des souvenirs d’adolescence de Justus Frantz alors qu’il formait avec Christoph Eschenbach un duo de deux jeunes pianistes très prometteurs. Il y a d’ailleurs une
vidéo disponible sur le site de l’orchestre de Paris où l’on voit les deux pianistes accompagner Herbert von Karajan dans le concerto pour trois pianos de Mozart. Force est de constater que s’il reste un beau style très mozartien à Justus Frantz, sa technique n’est plus là et l’interprétation était émaillée de nombreuses fausses notes. Puis l’orchestre et son chef soliste ont donné un bis incongru : l’andante du Quatrième Concerto de Beethoven, un peu mieux réussi que le Mozart. Ce concert, fort long, s’achevait par une Symphonie
Pastorale belle et inspirée.
Après le concert j’avais rendez-vous avec Sasha pour dîner au
café Pushkin qui devient vraiment ma cantine à Moscou. Sasha était à l’heure mais bien qu’ayant l’adresse, il ne trouvait pas le café. J’ai su lui faire expliquer au téléphone par un serveur l’itinéraire pour s’y rendre. Le dîner fut vraiment agréable. Nous étions à l’étage, sorte de bibliothèque reconstituée dans les magnifiques armoires à médicaments de la Pharmacie qui occupait les lieux jadis. J’ai repris mon mélange russe que j’aime tant et Sasha a opté pour un bœuf
Strogonoff. Une pianiste et une flûtiste jouaient là et moi je bénéficiais en plus du magnifique spectacle des yeux bleus et du sourire parfait de Sasha qui a tenu ensuite à me raccompagner sur le quai de mon métro pour
Novoslobodskaya. Simon m’attendait dans le hall de l’hôtel. J’avais pour lui le
tee-shirt de Barcelone et lui il avait un cadeau beaucoup plus personnel qui m’a empêché de me reposer véritablement de cette si longue journée.