Minsk
Je me suis levé à 4h30 et j’ai demandé un taxi pour l’aéroport de Roissy où j’ai pris le premier vol pour Francfort, celui de 6h40. Là bas, j’ai attendu deux heures avant d’embarquer dans le vol pour Minsk. La clientèle était assez amusante, plus biélorusse que germanique. A côté de moi, j’avais un gros paysan au visage rouge qui feuilletait avec une satisfaction évidente le catalogue d’une foire de produits agricoles. On a atterri à l’heure dans un paysage plat et blanchâtre. Les formalités de douane se sont déroulées plutôt vite, le document à remplir étant le même pour la Russie et la Biélorussie. J’ai bien sûr dédaigné les taxis véreux pour en prendre un officiel qui m’a emmené sur une autoroute toute droite et interminable. Les premières impressions de la Biélorussie sont celles d’un pays très propre, très bien entretenu, très efficace. Lorsque l’autoroute, toujours sans virage aucun, est devenue une route très large et a pénétré dans Minsk, cette impression ne s’est pas démentie : de grands immeubles un rien staliniens, des monuments, des places un peu froides et pas un papier qui traîne.
J’ai travaillé un moment à l’hôtel puis mon collègue m’a rejoint et nous sommes partis à pied jusqu’au Ministère. Un jeune fonctionnaire nous attendait à l’entrée et nous a fait traverser d’immenses couloirs à l’allure soviétique recouverts d’une moquette rouge. Nous avons déposé nos manteaux dans une petite pièce marquée
GardeRobe (le mot est identique en russe, en allemand et en turc et sans doute dans bien d’autres langages) puis nous sommes allés attendre dans une salle organisée de façon étrange avec une table en arc de cercle pour une dizaine de personnes et au moins soixante fauteuils placés comme pour un spectacle. Le ministre est entré avec assez peu de retard, visage rougeaud, gros pif à la russe et lèvres épaisses. Il ne parlait bien sûr pas anglais et mon collègue traduisait dans un sens, puis dans l’autre. J’ai déjà pratiqué de telles réunions que je trouve fort pratique tant elles permettent de réfléchir à ce que l’on va dire. La réunion a été très courtoise, plutôt détendue, j’ai même été surpris de constater combien il était facile de décider dans un tel pays. Au moment de se quitter, j’ai même reçu en échange de la mienne une belle carte de visite frappée aux armes de l’état, recto russe, verso anglais, où, au dessous du nom, était sobrement indiqué
Ministre. Le soir, mon collègue et moi avons bénéficié de l’absence d’embargo de la Biélorussie envers la Georgie en dégustant un très bon vin rouge, très doux.