De Moscou au Concertgebouw
J’avais mis mon réveil à 4h00 et commandé un taxi pour 4h15. A l’heure dite, il était là, petit bonhomme brun avec le même regard inexpressif que Vladimir Poutine, vêtu d’un anorak beige au col de fourrure. Sa voiture attend devant la porte de l’hôtel. Sur la banquette arrière, une peau de lion en peluche acrylique, avec les pattes et la tête posée sur la lunette arrière, et qui me tombe sur la tête à chaque coup de frein.
Après quelques minutes, la voiture pourtant neuve s’arrête et ne redémarre pas. Nous sommes dans une rue, près de la ligne de tramway et ceux-ci nous frôlent à chaque passage. Le chauffeur s’énerve et braillant en russe. Il appelle un mec pour l’engueuler. Je suis un peu inquiet car il pourrait s’agir d’un début d’embrouille et je l’imagine appeler un autre chauffeur pour m’emmener je ne sais où me dépouiller. Pourtant quelques minutes plus tard la voiture repart. On fonce comme des malades sur
Lenin Prospekt en direction de l’aéroport de
Sheremetyevo où j’arrive un peu avant cinq heures, juste une heure avant le décollage du premier vol prévu : celui d’Amsterdam.
Le décalage horaire aidant, je dépose mes bagages vers neuf heures du matin à mon hôtel, près du
Rijksmuseum. Et moins de deux après la visite précédente, je me retrouve au
Concertgebouw. Je m’y rends même dès le matin pour assister à la répétition du concerto pour violon de Brahms. Si l’on veut assister à une répétition au
Concertgebouw, il faut se presser des onze heures trente, au milieu de bataillons de retraités bataves prêts à en découdre pour avoir une bonne place. J’ai choisi de me mettre sur le podium, afin de bien profiter des discussions entre le soliste Julian Rachlin, et Mariss Jansons. Ne sont répétés que quelques points de détail du mouvement lent, et la totalité du dernier mouvement. Comme d’habitude, le placement sur le podium fait profiter d’un son comme depuis l’orchestre, totalement déformé en faveur des vents et des timbales.
Le soir, magnifique concerto de Brahms, suivi par une belle Symphonie
italienne et d’une
Valse de Ravel en apesanteur.