Acte I
Il est italien, il a un prénom russe et il habite à Londres. Il y a longtemps que de temps à autres, nous bavardions ensemble sur la toile. Une ou deux fois, nous nous étions ratés lors de l'un de mes passages. Aujourd'hui, il était fatigué au sortir de son travail, moi je venais de conduire deux cents kilomètres -à gauche- et le rendez vous manqué semblait se reproduire. Pourtant, il m'a proposé de discuter un moment dans la voiture de location. Je suis parti vers le nord en direction d'Islington, je me suis garé devant chez lui et j'ai attendu. Il est arrivé. Il était beau, il avait des cheveux hérissés, des grands yeux sombres, un sourire intimidant et une minuscule pointe de piercing à la narine gauche.
Il semblait content de rouler en voiture dans Londres et nous avons de fait traversé la ville en tout sens dans la nuit, de
Knightbridge à la
City, de
Soho à
Big Eye et d'
Hammersmith à
Lambeth. Je conduisais un peu au hasard, la ville était belle et nous parlions de Naples, de la côte amalfitaine, du
Teatro San Carlo et de
Gambrinius. Il m'a demandé de me garer. Nous étions dans un quartier élégant aux maisons jumelles avec leurs
bow windows blanches. Nous avons abaissé les dossiers de nos sièges, il s'est blotti près de moi et nous sommes restés longtemps l'un contre l'autre à parler en s'embrassant. De temps à autre, une
smart d'agents de sécurité passait et ses occupants nous dévisageaient. Vers deux heures du matin, je l'ai ramené chez lui. J'étais triste de le voir repartir mais il avait accepté mon invitation à dîner le lendemain soir dans un bon restaurant italien.