Vert
Le vert du fond du portrait que ma grand-mère avait fait faire d'elle même et qui rappelait celui de ses yeux, le vert des forêts de mon enfance, des épicéas, des hêtres et des frênes, le vert bronze de la couverture des dictionnaires
Quillet qui se trouvaient dans la salle à manger de la maison de mes parents, le vert qui a longtemps été la couleur des disques Erato, le vert de la jeune fille de Tamara de Lempicka, le vert cru de l'une des deux perruches de ma grand-mère, le vert d'un loden que je portais enfant et que je détestais, le vert des pochettes de papier
Canson, le vert jade des billets de la RATP dans les années 90, le vert des panneaux new-yorkais
Walk qui sont peu à peu remplacés par des petis bonhommes, le vert des stylos bille
Pentel qui n'existent plus aujourd'hui, le vert des rizières de Bali, le vert du cuir des livres de
La Pléiade du XIXème siècle, le vert des boutons de manchette de Robert de Montesquiou dans son portrait par Boldini, le vert du pourtour de ma cheminée et que j'ai eu beaucoup de mal à retrouver dans un papier-peint, le vert de ma théière achetée cinq euros rue de Rivoli, et celui, assorti, des petits verres à thé turcs que j'ai achetés au Bazar égyptien d'Istanbul, le vert d'une chemise en soie achetée à Bali, qu'un abruti m'a déchirée à Venise, et que ma mère a reprisée, le vert des yeux d'Elisabeth Schwarzkopf dans mon souvenir et qui parait-il, étaient bleus.