La Dante Symphonie et le Concerto de Previn par Anne-Sophie Mutter et Kurt Masur
Il y a quelques années, l'
orchestre de Paris avait un peu chahuté André Prévin, venu à Paris diriger la création française de son Concerto
Anne-Sophie, dédié à celle qui était encore alors sa jeune épouse. Furieux, le couple avait claqué la porte. C'est donc aujourd'hui au Théâtre des Champs Elysées que le fameux concerto a été créé en France par sa destinataire, cette fois ci accompagnée par l'
orchestre National de France sous la direction de Kurt Masur. L'oeuvre est encore plus ennuyeuse que le souvenir que j'avais de l'enregistrement avec le
London Symphony Orchestra. Un mélange de mauvais Korngold sirupeux, de Bernstein mal orchestré, saupoudrez d'un zeste de Stravinsky et vous obtenez quarante minutes d'ennui profond, juste embelli par le son magnifique du
Garnerius d'Anne-Sophie Mutter, épaules nues dans sa belle robe bouton d'or. Un peu de Bach en prime pour oublier en beauté ce désastre.
La deuxième partie consistait en la peu jouée
Dante Symphonie de Franz Liszt, oeuvre aux accents préwagnériens et au final mystique d'un choeur d'enfants. Le choeur était réparti au troisième balcon, sans doute faute de place sur scène, et l'effet céleste eut été fort réussi si l'éclairagiste n'avait eu la sotte idée d'illuminer la salle cinq bonnes minutes avant l'entrée des voix. Il y a fort longtemps que je n'avais entendu l'orchestre National, quatre ans en fait depuis
ce concert Mendelssohn, et j'ai été frappé par les extraordinaires progrès réalisés et dont il faut certainement attribuer la paternité à Kurt Masur. Celui ci, dans sa quatre vingtième année, est particulièrement touchant. Son Parkinson et sa fatigue ne l'empèchent nullement de diriger avec un bel engagement un National ample et homogène, avec des cuivres superbes qui n'ont rien à envier aux grands orchestres allemands. Une belle soirée qui s'est achevée au
Bar des théâtres, face à un critique musical et à côté d'un vieux brésilien arrivé le jour même à Paris.