17058čme jour
Garbo
Retour à la Cinémathèque ce samedi pour un nouveau jalon du cycle Cukor dont je serai sûrement un spectateur assidu. C'était hier la rencontre Cukor-Garbo avec
Le roman de Marguerite Gautier. J'ai eu une longue obsession pour Greta Garbo lorsque j'avais une vingtaine d'années. Dans ma chambre d'étudiant, j'avais affiché une jolie photo où elle posait sur un bateau, avec une grande casquette de marin. J'avais vu de nombreux films d'elle à l'Action Christine. J'ai été surpris dans le film d'hier par la médiocrité de son jeu, une sorte de distanciation "
ce truc là, je n'y crois pas une seconde alors j'en rigole et tant pis pour vous".
La publicité du dernier film de Garbo,
Ninotchka, encore avec Cukor, était "
Garbo laughs". Il faut bien reconnaitre que dans ce premier opus avec Cukor, Garbo riait déjà, tout le temps même, un rire un peu distancié, un rire d'elle même. Et puis cet étrange accent suédois, à l'anglais guttural, avec lequel elle appelle son amant
Armande.
Je dois avoir encore dans un coin un article de magazine où des journalistes l'avaient prise en photo en short à Long Island, peu avant sa mort. Et puis Garbo, ça me fait penser à ce télégramme d'un goût douteux que Charles Trenet avait envoyé à Marlene Dietrich au lendemain du dècès de sa rivale : "
Greta Garbo est morte. Félicitations!"
:: comments
La médiocrité de son jeu. Étrange réflexion. Puisque vous parlez ailleurs de sa distanciation. Qui a jamais dit que Garbo jouait BIEN ? Comme, par exemple, Bette Davis, Jeanne Moreau, Patricia Neal, même cette pauvre dingue de Marilyn... qui se demande si ces femmes jouent BIEN ? Qui s'en soucie ?
name Azure-Te -
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url| 05.09.06 @ 03:01 >
moi. on se vouvoie maintenant?
gvgvsse -
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url| 05.09.06 @ 10:11 >
Ah... apparemment, oui... je ne sais pas... je ne sais plus... je crois que nous ne sous sommes jamais adressé directement l'un à l'autre, en fait... Je ne connais de toi que la voix du gecko (pieusement conservée).
name Azure-Te -
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url| 05.09.06 @ 13:26 >
ceci dit tu es tres dur avec jeanne moreau. j'ai trouvé sa prestation dans "
le temps qui reste" particulièrement juste.
gvgvsse -
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url| 05.09.06 @ 16:15 >
Et dans Eve ou Eva, sa façon de marcher...
C'est Humphrey Bogart qui trouvait qu'Audrey Hepburn jouait mal. Un journaliste lui rapporta ces propos, en lui demandant ce qu'elle en pensait. Elle répondit: "il doit avoir ses raisons".
Ninotchka, ce ne serait pas Lubitsch?
Alice -
email| 05.09.06 @ 17:18 >
Oui oui, Ninotcka, c'est Lulu.
Je ne peux pas être "dur" avec Moreau. Ce que je veux dire, c'est que ces bonnes femmes sont tellement "au-delà", qu'elles crament la pellicule, qu'on ne voit qu'elles sur l'écran, etc., enfin tous ces poncifs. Que quelque soit la "qualité" de leur jeu, elles le transcendent par leur matière même, et font éventuellement de leurs lacunes un atout de plus. Oui, Moreau peut être une très bonne comédienne (elle l'est devenue, dirons-nous), mais ce n'est pas à mes yeux ce qui compte, c'est sans commune mesure avec sa qualité de présence. Comme pour les autres que j'ai citées, et d'autres encore.
Désolé d'être un peu long sur ce coup, mais je pourrais être intarissable, sur ce sujet.
name Azure-Te -
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url| 05.09.06 @ 18:16 >
PS > Alice
"Eve" (All about Eve), c'est Bette Davis, Mankiewicz, '50.
"Eva", c'est Jeanne Moreau, Losey, '62.
name Azure-Te -
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url| 05.09.06 @ 18:21 >
oups corrigé le lulu...
gvgvsse -
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url| 05.09.06 @ 20:32 >
Ne pas oublier que Garbo vient du cinéma muet, de films ou toute la mise en scène reposaient sur le principe suivant: Comment amener, tout en le différant, le gros plan sur le visage de Greta Garbo. L'aspect du jeu tel que nous le concevons est alors secondaire. Tout le contraire de Bette Davis (immense commédienne : je conseille vivement une de ses dernières prestations dans Scopone scientifico de Comencini) au jeu beaucoup plus "classique"
Sur Moreau (sa façon de marcher ne sereit-ce pas plutôt Ascenseur pour l'échafaud ?) force est de constater que l'essentiel de sa carriére se situe dans les années 60 (ex: La baie des anges - Moreau en blonde !) jusqu'au Petit théatre de Jean Renoir (1970) ou elle chante en plan fixe et que sa vieillesse n'est qu'un long et douloureux naufrage.
Ps: Lulu ne semble pas avoir été corrigé
Tlön -
email| 06.09.06 @ 08:59 >
Non, non, je confirme, dans Eva, une scène où elle marche sur des pavés inégaux, dans une ville d'Italie (mon souvenir serait-il faux?). (Ça n'empêche pas que cela puisse être vrai d'Ascenseur pour l'échafaud, bien entendu (mais de ce film, je me souviens surtout d'une errance en voiture dans la nuit) (Mais tout est si vague).
Alice -
email| 06.09.06 @ 11:36 >
Oui, Alice, c'est bien Eva. Elle marche aussi dans l'Ascenseur (une errance dans Paris la nuit, un grand grand moment de cinéma), mais l'italie et les pavés c'est Eva — et La Notte, aussi.
Et pour revenir sur la "distanciation" de Garbo, le mot me semble absolument adapté à son jeu : ce n'est pas un travail de comédienne réaliste (surtout dans les muets), elle est complètement décalée, son visage comme celui d'une statue sur le point de se briser.
name Azure-Te -
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url| 06.09.06 @ 17:17 >
Parler de la "médiocrité" du jeu de Garbo, il faut le faire, surtout par rapport à sa Dame aux Camélias considérée par de nombreux critiques et historiens du cinéma comme la plus grande interpétation féminine de l'histoire du cinéma. La dame aux camélias de la Divine est un être si complexe et riche (vulnerable, forte, cynique, généreuse, sensuelle) comme on n'a jamais vu par aucune autre actrice. Le jeu de Garbo au cinéma est parfaitement adapté à la caméra, c'est une immense actrice qui sait faire exactement tout ce qui faut faire devant la caméra (à la fois dans les films muets et parlants qu'elle tourna) pour exprimer tous les états d'âme de ses personnages. Pour moi c'est la seule actrice que je connaisse capable de nous inviter à explorer son âme dans ce lieu mysterieux où se rencontrent l'actrice et les désirs les plus sécrets du spectateur. Avez-vous vu Garbo par exemple dans le film muet "Woman of Affairs" (Intrigues en français) pour constater la poésie, le réalisme et la beauté absolue de son jeu? Ou sa sensuelle Félicitas dans "La chair et le diable" de Clarence Brown? Ou sa prostituée cynique et généreuse dans la version allemande d'Anna Christie de Jacques Feyder? Ou encore ses deux Annas Karenine (une dans un film muet et une autre dans un film parlant) et tant d'autres. Ceux qui disent que Garbo n'est pas une actrice ne savent pas de quoi ils parlent. C'est comme si ils disaient que Chopin ou Mozart ne savaient pas composer de la musique ou Shakespeare ne savait pas écrire. Oui, il ne s'agit pas d'un "jeu" ou d'un numéero d'actrice, c'est bien plus. Il s'agit d'une actrice créatrice, la plus grande de toutes. Même la grande Callas lui éetait rédevable pour sa Dame aux Camélias qui inspira sa Traviata, surtout pour la célèbre scène de la mort de Marguerite.
Nakis -
email| 07.09.06 @ 11:41 >
eh bien, je ne pensais pas que garbo exacerbait encore à ce point les passions... ça me fait plaisir...
gvgvsse -
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url| 07.09.06 @ 15:09 >
Quand on ne connaît pas les livres, on la ferme. Garbo, c'est une vraie comédienne, pour des gens qui ont des neurones!
docteur Watson
docteur watson -
email| 02.10.06 @ 12:16 >
mais personne ne t'empeche de la fermer, cher watson...
gvgvsse -
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url| 02.10.06 @ 12:50 >
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