La procession d'Aghios Fanourios
C'est le chauffeur de taxi qui nous avait recommandé d'y aller : "
C'est la fête d'Aghios Fanourios. Je vous déposerai à la porte Saint Anastase, c'est à deux pas. Vous verrez, il y aura la musique." C'était en effet à deux pas. L'église Aghios Fanourios est si petite que l'on peut passer devant sans la voir. Mais en ce dimanche matin, il y avait tous les musiciens de la fanfare de Rhodes qui attendaient dans l'ombre des ruelles, et la cour entourant l'église était pleine d'une foule écoutant sagement les chants orthodoxes. On a pénétré dans l'église, très en contrebas de la rue, aux fresques effacées tant elles sont vieilles et légèrement éclairées par les nombreux cierges. De nombreuses personnes entraient et déposaient des offrandes devant l'autel et partout dans la cour il y avait d'immenses panières de pain. Chacun se servait, soit pour manger sur place un morceau, soit pour en rapporter un plus grand nombre à la maison.
A la fin de la cérémonie, deux jeunes en débardeur installés sur le toit ont sonné les deux cloches de la petite église. Un cortège se met en place. Derrière la fanfare de Rhodes qui suit son chef agitant mollement une baguette, deux fidèles portent l'icône de Saint Fanourios. Ils sont suivis par tous les célébrants dont deux patriarches coiffés d'une belle tiare dorée. Nous marchons dans les petites rues au sein d'une foule compacte qui prend bien sûr la rue Aghios Fanourios. Tout le monde est aux fenêtres. Beaucoup des habitants tiennent à la main un petit encensoir fumant, d'autres aspergent joyeusement la foule d'une huile parfumée de lavande. Alors que nous marchons, je me prends une grosse giclée sur la joue, à la grande joie de mes filles. Nous avançons ainsi jusquà la mosquée Soliman, presque pour la narguer, puis la procession reprend une petite rue sur la gauche, pour replacer l'icône à sa place habituelle, jusqu'à l'année prochaine...