Premier jour
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Voilà un mauvais présage; à ma place, un Romain serait rentré" a déclaré Monsieur de Malesherbes après que son pied a heurté une pierre et lui fait a faire un faux pas, au moment où il sortait de la prison pour aller à l'échafaud. Peut-être aurais-je du faire de même ce matin, alors que mal reveillé, vers cinq heures, j'ai placé ma main au contact d'un fil électrique dénudé qui m'a envoyé une bonne décharge dans tout le corps. J'ai pourtant appelé un taxi et je suis parti vers Orly pour attraper le premier vol
Turkish Airlines pour Istanbul. A l'aéroport Ataturk, j'ai découvert le nouveau salon
Turkish qui est un véritable enfer kitsch (fauteuils style Louis XV dorés, lampadaires en cristal rose) parsemé de mobilier zen. J'ai pris ma correspondance pour Tel Aviv. Le Boeing était à moitié vide, nous avons pris une route fort différente de la dernière fois, visiblement destinée à éviter le Liban, et nous avons atterri pile à l'heure à Ben Gurion.
Les contrôles de douanes ont été encore plus sévères que la fois passée. On m'a demandé une carte de visite, la preuve de ma ma réservation d'hôtel, par quel moyen j'avais prévu de me rendre en ville...
C'est la première fois que je me trouve dans un pays en guerre. Pourtant, tout semble normal. Quelques voitures arborent un drapeau israelien. Le chauffeur de taxi a l'air angoissé lorsqu'il achète un journal à un vendeur de rue. C'est tout. Et cependant à cent kilomètres de là, les missiles tombent. Je dépose ma valise à l'hôtel et je pars aussitôt à pied à travers la ville en direction de l'
auditorium Mann où l'orchestre Philharmonique d'Israel donne son dernier concert de la saison 2005-2006.