Bartók à Budapest
Une fois de plus, je tombe amoureux d'une ville mais comment résister à Budapest sous le soleil, des petites rues baroques et pentues de Buda aux grandes avenues à l'allure viennoise de Pest? J'ai utilisé tout mon temps libre à me promener en tout sens dans la ville, le nez en l'air, à observer la sublime architecture des bâtiments et les couleurs pastels de l'Europe centrale, les verts, les jaunes et les ocres. Depuis le changement de régime, un tiers environ des immeubles ont été ravalés. Les autres dressent leur façade noirâtre où ça et là, les briques apparaissent sous le ciment effrité. Parfois, lorsque l'on entre dans la cour d'un immeuble, on découvre des endroits exceptionnels ravagés par l'absence totale d'entretien depuis soixante ans. Et puis il y a cette étrange odeur de terre mouillée issue des caves par les soupirails, et que l'on sent un peu partout.
J'avais trouvé sur
cette page une liste de disquaires de Budapest et j'avais très envie de me rendre au premier, le siège de l'éditeur
Hungaroton. Je suis donc allé sur la très belle place
Vörösmarty où se trouve également le fameux pâtissier
Gerbeaud. Je demande à la serveuse où se trouve l'immeuble
Hungaroton. Elle sourit et me montre un terrain vague sur le côté de la place. Le bâtiment a récemment été rasé. Je me suis consolé en allant à deux pas de là, chez
Fotex, un magasin de musique où l'on se croirait revenu quarante ans en arrière, et où j'ai déniché le live rarissime de Leonard Bernstein dirigeant le Boston Symphony à Tanglewood dans la
Neuvième de Mahler, version célèbre pour les violents coups de pied du chef sur son estrade et pour un terrible pétage de cordes de harpe à deux minutes trente du début.
Ce soir, je me suis rendu avec un collègue au
Musée Petofi pour un concert en plein air dédié aux musiques populaires de Bartók. La grande orinalité du programme consistait à faire jouer une pièce de Bartók par des instrumentistes classiques, puis le morceau populaire original par un ensemble folklorique. J'ai été ravi de découvrir en concert les mélodies roumaines pour violon et piano. Il y a eu également des musiques pour
duda, instrument très proche de la cornemuse écossaise.
Avant de rentrer à l'hôtel, nous sommes passés prendre un goulash et un paprika farci au merveilleux
Café Central, à l'atmosphère si viennoise.