Un jour à Jérusalem
Il devait venir d'Eilat à Tel Aviv hier soir. Mais il a raté son bus. Le bus suivant allait dans un endoit étrange en plein milieu du Sinaï. On a parlé au téléphone. J'étais dans ma chambre à Tel Aviv, et lui dans une sorte de station service au milieu du désert. Vers 6 heures il m'a appelé. Il venait d'arriver à la Bus Station de Tel Aviv et nous nous sommes donné rendez-vous dans le hall de l'hôtel. Quinze minutes plus tard, il était là avec ses grands yeux noirs et son sourire étincelant. Il a laissé son petit sac de voyage dans ma chambre et nous sommes allés nous promener sur la plage au soleil levant. Nous avons beaucoup parlé pendant cette première heure passée ensemble. Puis nous sommes allés prendre un petit déjeuner à l'hôtel et nous sommes partis en train à Jérusalem.
Une ligne à grande vitesse est en construction entre Tel Aviv et Jérusalem. Le train actuel, à l'allure ridicule, serpente doucement dans les collines et met quatre vingt dix minutes pour parcourir les soixante kilomères qui séparent les deux villes. C'est idéal pour nous qui parlons, côte à côte, jambre contre jambe. J'observe de profil son nez à la Rob Love, et la petite étoile à cinq branches tatouée à l'intérieur de son bras.
Nous arrivons à la gare très moderne de Jerusalem Malcha et prenons un taxi qui nous dépose à la Tour de David dans la vieille ville. Nous passons l'essentiel de la journée à nous promener dans cette ville hors du temps, dans les ruelles des souks, dans les rues plus aseptisées de la ville juive, dans les recoins du quartier arménien. Nous visitons le Saint Sépulcre, nous retournons ensemble au mur des lamentations, nous visitons l'esplanade des mosquées d'où l'on peut admirer le Mont des Oliviers. Vers 17 heures nous retournons à la gare et reprenons notre petit train champêtre pour rentrer à Tel Aviv.
Nous sommes rentrés à l'hôtel, et nous sommes restés deux heures dans la chambre, à la lumière du soleil couchant, à nous embrasser et à découvrir nos corps. Il a un autre petit tatouage sur la nuque, un code barre avec inscrit en dessous
Made in Brazil. J'aime y passer ma langue.
C'est à ce moment là peut être que nous avons décidé qu'il n'était pas possible de ne passer qu'une journée ensemble et qu'il a accepté de venir quelques jours avec moi à Istanbul. Vers neuf heures, nous sommes partis au
Café Noir, le restaurant qui prétend avoir le meilleur Schnitzel d'Israel. On était bien à notre petite table, l'un près de l'autre, à parler de Rio et de la rue Haddock Lobo, en mangeant notre énorme Schnitzel et en buvant notre Rioja. On est rentré à l'hôtel vers minuit. On a essayé d'être raisonnable et de ne pas trop faire de bêtises. J'ai mis mon réveil pour 3h40, mais comme il est toujours à l'heure française, j'ai inscrit 2h40. Avant de passer notre première nuit ensemble, il m'a dit : "
I can't believe we just met this morning"