A la recherche de Symi V - Rhodes
La traversée de Kos à Rhodes a duré deux heures. Je me suis tenu sur le pont à contempler la côte turque. J'ai revu depuis la mer le phare de Knidos où je m étais rendu voila trente jours et j'ai aperçu de loin les ruines de la ville antique. Le ferry a ensuite longé la presqu'île de Datça en direction de l'est et Symi est apparue dans une brume légère. Le ferry est passé juste entre Symi et sa petite île satellite du sud; j'ai donc eu loisir d'observer la côte sauvage et sèche distante de cinquante mètres seulement. Puis le ferry est parti en direction de l'île de Rhodes qu'il a contournée afin d'entrer dans le port orienté plein nord en direction de la Turquie toute proche.
A peine debarqué, j'ai quitté le port en traversant les épaisses murailles moyen-âgeuses et j'ai vite déposé ma valise au premier hotel croisé, afin de profiter des dernières lumières du jour.
Rhodes est un enchantement, une ville à la beauté envoutante et au charme hallucinant. Aucun mot ne pourrait décrire avec justesse le choc que j'ai reçu en me promenant au hasard dans ces ruelles vieilles de huit cent ans qui ont miraculeusement résisté à plus de trois siècles d'occupation musulmane et deux guerres mondiales. En marchant dans les rues jusqu'à la tombée de la nuit, j'ai vu des mosquées joliment restaurées, des bougainvillées en fleur, les fameuses maisons des chevaliers. Il ressort de la vie ici une joie de vivre étonnante, les familles sortent le soir, se retrouvent aux terrasses des cafés, plaisantent, semblent tellement heureuses... Bref, je suis tombé amoureux fou de Rhodes et de mon petit hotel
Via Via.
C'est donc avec une très grande frustration que j'ai repris à l'aube mon ferry pour Kos. Mais une frustration plus grande encore m'attendait. En effet, si comme prevu le ferry ne s'est pas arreté à Symi à l'aller, nous y avons fait un bref stop au retour. En approchant de Symi, j'ai aperçu la baie de Pedi, puis nous sommes entrés dans la baie du port, sorte d'amphithéâtre naturel où sont construites de magnifiques maisons anciennes, toutes du meme ocre, mais aux fenêtres et aux volets dans des couleurs pastel. Je suis resté là, hébêté, admirant cette vue que je désirais tant voir. Un bref instant j'ai pensé a descendre, à rester lé au moins une journee mais j'ai songé a l'enchaînement de conséquences : le ferry pour Bodrum raté, le vol pour Istanbul manqué, celui pour Paris loupé et mon rendez-vous de mardi a Murcia à oublier. J'ai fait alors ce que je déteste faire : j'ai été raisonnable. Je suis resté dans le ferry et je suis rentré à Kos.