Barcelone
Je voudrais me rappeler de beaucoup d'instants de cette journée, de mon lever tardif alors qu'Alban Berg est déjà parti répéter -du Berg justement- à l'
Auditori, de ma promenade dans le quartier du Clot où je me perds, d'Alban Berg qui me rejoint devant le marché, du
Starbuck où un allemand aux yeux incroyablement bleus nous sert deux cafés, du temps ensoleillé et doux pour la saison, de notre balade dans le centre de disquaire en disquaire, d'un verre de
cava au
Shilling, de ma visite dans les coulisses de l'Auditori alors que les musiciens arrivent et se préparent, de la serveuse très marrante du petit café des musiciens, de mon attente dans le hall alors que les spectateurs arrivent et que je dois remettre leur billet à tous les membres de notre petit groupe.
Et puis le concert.
Une très belle Passacaille de Webern, une oeuvre un peu inutile d'un compositeur catalan, puis
Leo, une pièce assez chambriste et aux influences Stravinskiennes de Robert Gerhard. Et enfin, le morceau de choix: le
Concerto à la mémoire d'un ange interprété par Gidon Kremer. J'ai une relation particulière avec cette oeuvre qui porte l'un des plus beaux noms de tout le répertoire et qui est dédiée à la fille d'Alma Mahler et de Walter Gropius, disparue à 18 ans de la polyomelite. Je ne peux l'entendre sans songer à la tombe qu'Alma partage avec Manon, toute proche de celle de Mahler, à cet été 1910 à Toblach et à Vienne, aux pages terribles qu'Elias Canneti a consacré à Manon et Alma...
Nous prenons un pot au bar en face de la salle, puis filons dîner à la
Tramoia, au coin de
Gran Via et de la
Rambla. On repart boire un dernier verre jusque vers trois heures du matin au café de l'Opéra en face du
Liceu. On parle musique, on arrête pas de faire des blagues sur Annie et sa mère, sur Emirates...
J'aimerais tant revenir plus souvent.
Une pensée spéciale pour un petit chat que je ne connais pas mais dont j'espère qu'il guérira très vite.