Quelques queues I
On entend souvent dire à Paris qu'il est impossible d'avoir des places pour l'opéra. C'est bien sûr totalement faux et le propos vient le plus souvent de personnes qui n'ont jamais essayé. Lorsque j'étais étudiant, je tentais souvent ma chance quatorze jours à l'avance.
J'ai assisté à des files d'attentes surprenantes, composées de passionnés qui étaient capables de discuter sur le coup de six heures du matin de sujets aussi bizarres que l'importance du rôle d'Elisabeth dans Don
Carlos de Verdi. On revoyait souvent les mêmes têtes, certains ayant un petit fauteuil pliant pour faciliter l'attente. Il y avait à cette époque un système de numéros permettant à chacun d'aller dans un bistro plutôt que de se cailler. Mais attention, il était interdit de rentrer chez soi. Ceux qui ne répondaient pas à l'appel organisé toutes les demie-heures étaient impitoyablement chassés de la file d'attente.
je me souviens de ce système, je prenais moi même le premier métro pour arriver devant les grilles vers 5-6 heures du mat', on se battait les flancs sur les soupirails du métro pour avoir chaud et on s'engouffrait dans le premier café ouvert, je me souviens aussi de Don Carlos et de Lulu et aussi du chevalier à la rose avec Schwarzkopf et d'Eugène Onegine avec Rostro et Vichnievskaya
CB | 27.12.05 @ 02:01 >