La belle inconnue
Elle était assise un rang derrière moi dans le Milan-Paris, juste de l'autre côté de l'allée centrale. Des cheveux sombres, longs et soyeux, habillée classiquement de noir, des chaussures basses et pointues avec une grande boucle carrée argentée, des lunettes noires rectangulaires, un nez tres droit à la Carla Bruni.
Je me suis souvent retourné, trop souvent pour qu'elle ne le voie pas. J'ai montré ostensiblement mon CD des
Goldberg par Gavrilov acheté peu auparavant à la fnac de Milan. A l'arrivée elle cherchait désespérément quelque chose dans un beau classeur en peau fauve
Hermès. Moi je cherchais commment l'aborder, j'essayais de me convaincre que j'en aurais le courage, peut être lui proposer de la déposer dans Paris? Je me laisse dépasser dans le couloir reliant l'avion au hall 2F. Elle parle à quelqu'un, - une mère, un amant? - annonce son retard, dit qu'elle doit juste reprendre sa voiture. En sortant du hall de récupération des bagages, je pars vers les ascenseurs de gauche, elle choisit ceux de droite. Je me dis que c'est fini. J'attends l'ascenseur, j'y pénètre. Bizarrement, elle entre derrière moi. Elle est de profil, souriante. Je n'ose rien. Je me sens minable. Je m'arrête aux caisses du parking. Elle continue son chemin, ayant sans doute inséré sa carte bancaire à la borne d'entrée. Je la regarde s'éloigner.
Adieu, belle inconnue.