Dernière nuit à Kuta
On s'était repérés la nuit précédente au Qbar. J'avais vu qu'il dansait comme un Dieu, toujours en souriant, et il avait l'air d'aimer ça. Il m'avait ostensiblement caressé les doigts à deux reprises. On était occupés l'un et l'autre et à un moment, il a disparu. C'est essentiellement pour cela que je suis retourné au Qbar hier soir, dans l'espoir de faire connaissance avec lui. A peine arrivé, je me fais alpaguer par un originaire de Sumatra. Il est bête comme ses pieds et il rit a la facon du Mozart de Milos Forman :
Lui :
What do you think about the Eiffel Tower?
Moi :
Nothing
Lui :
Ouhahahahahihihihahaha
Moi : ...
Lui :
Is there a place like this one in Paris?
Moi :
Many
Lui :
Ouhahahahahihihihahaha
Et tout d'un coup, il est arrivé. Vraiment gentil, sympa. Lui est de Surabaya. Il parait que Surabaya c'est moche, mais moi, ca me fait rêver. Ca me fait penser à la chanson de Kurt Weil :
Johnny Surabaya.
On boit un peu, moi
Margarita frozen, lui jus d'orange, on fume des
kreteks, puis on va faire un tour dans la boite en face. La musique est cool, on danse un peu rapproché, il propose de commander de l'arat, l'alcool de dattes balinais. Il me dit de faire attention, que c'est très fort. C'est vraiment fort en effet, mais très bon. On sort un moment sur la terrasse. Il y a une pluie tiède qui rafraîchit le vent chaud. On est bien ensemble. Il sait que je dois m'envoler cinq heures plus tard. Il veut qu'on aille à mon hôtel. Je ne suis pas très chaud. Pas envie d'un truc glauque et rapide alors que c'est plutot sympa. On part dans la nuit sous la pluie. Il chante "
Ainsi font, font, font, les petites marionnettes". Je lui demande comment il connait cette chanson. Il me répond que l'un de ses grands-pères etait français et la lui chantait lorsqu'il était enfant. On arrive au bout de la rue : la plage. Devant le Gado Gado il y a quelques transats en bois. On en squatte un. On entend le bruit des rouleaux dans la nuit. On s'embrasse, il me suce, je le suce, c'est tendre et gentil. On revient vers l'hôtel, je lui offre 100.000 roupies pour son taxi de retour. Il me laisse son adresse e-mail. Je le regarde s'éloigner dans la nuit. Des oiseaux exotiques chantent.
Je rentre dans ma chambre et prépare rapidement mes bagages, prends une douche et m'effondre dans mon lit.
Deux heures plus tard, le réveil sonne. Nouvelle douche. Une petite grenouille sautille dans la salle de bains. Je sors de l'hotel, m'adresse au taxi le plus proche, le dernier de la file. Le premier chauffeur s'approche très mécontent. Je m'en tape. Mon chauffeur s'installe. Il a de beaux cheveux longs dans le cou. Le taxi ne demarre pas. Il demande l'aide de trois autres chauffeurs qui poussent le vehicule par deux fois. On part péniblement. Dix minutes pour être à l'aéroport. C'est fini. Je garde près de moi dans l'avion la jolie carte murale d'école de Bali que j'ai eu tant de mal a trouver. Au revoir Bali. Je t'aime.