Week end à Rome I
Tout a mal commencé. Les flics qui m'arrêtent sur les Champs Elysees parce que j'ai klaxonné furieusement leur voiture banalisée qui se trainait, la fille d'Air France qui met vingt minutes à traiter le client précédent, le chauffeur de taxi qui met une heure trente pour trouver notre hôtel, le dit hôtel qui ne se trouve pas près de la
Farnesina du Trastevere, mais
via della Farnesina au delà du
Stadio Olympico.
Et puis pour se consoler, nous allons dîner à ma petite cantine toscane de la
via San Ignazio :
Il Buco: Des raviolis à la sauce aux noix, un osso bucco, le tout arrosé du
Chanti della casa. Et puis les petits biscuits à tremper dans le
vino santo, pour finir.
Dans le coin de la salle, une petite dame est là, toute seule à sa table, l'air un peu morne. Elle se moque du garçon car il utilise un poivrier en forme de bouteille de vin. "
C'est ridicule!" nous dit-elle. Alors que je lui demande comment elle parle un aussi bon français, elle nous explique qu'elle était a Paris la veille, qu'elle a d'ailleurs un appartement dans le septième arrondissement. Elle voyage beaucoup apparemment, Vienne, Berlin, Paris, New York, Milan. Alors que je lui demande quelle est son activité, elle nous repond qu'elle travaille pour le
Stadtsoper. ELle connait Barenboim, Carole Bouquet, Eschenbach, Elsa Morante, Isabella Rossellini... En mars, elle était bien sur elle aussi au
concert anniversaire de Boulez.
Nous sympathisons. Elle s'installe à notre table, nous offre de goûter son Chianti clairement meilleur que le notre. Puis elle nous invite à boire un verre sur sa terrasse, "
la plus belle de Rome" affirme-t-elle. Intrigués, nous acceptons. Elle avait raison, la diablesse. Après avoir poussé la lourde porte d'un Palais du
Corso, elle nous entraine au quatrième étage, dans un appartement aux proportions imposantes. Deux escaliers plus haut, nous entrons sur une assez grande terrasse meublée. Au sud, le monument a
Vittorio Emmanuelle II, à l'ouest
San Ignazio, au nord la grande enfilade du
Corso qui remonte jusqu'à la
Piazza del Popolo et à l'est le
Palais du Quirinal tout illuminé. De nombreuses mouettes voletent au dessus de nos têtes en criant. Notre hôtesse allume des bougies, met en marche un petit chauffage et nous apporte de la vodka russe. J'en bois deux cul sec, puis nous passons au whysky coca en parlant de Paris, de Mahler, de Lang Lang, de son mari peintre et ami de Pasolini, de ses photographies. Je lui laisse mes coordonnées et nous repartons avec regret dans la nuit romaine.