Une journée à Ankara
Pour arriver à Ankara à 10h30, il faut se lever vers 5h00, puis, une heure plus tard, franchir le Bosphore par l'un des deux ponts et s'élancer vers l'est. Sur la rive asiatique, les banlieues se succèdent le long de l'autoroute : centre commerciaux banals, villes dortoirs sans charme. Assez rapidement, on se retrouve le long de la mer de Marmara que l'on longe sur plusieurs dizaines de kilomètres, en observant les complexes pétrochimiques et les cargos qui longent la côte sur une mer grise. Lorsque l'on quitte le bord de mer, l'autoroute devient plus étroite, elle grimpe dans la montagne en dépassant assez rapidement les mille mètres. On s'arrête le long de la route dans un petit resto de routiers où sur une terrasse, quelques poules viennent quémander leur repas. On peut apprécier des oeufs au plat, du pain à la menthe, les fromages turcs assez banals, un thé bien chaud dans un petit verre transparent. On retrouve aussitôt l'autoroute qui continue de serpenter dans les montagnes, puis se stabilise sur des plateaux assez secs. On laisse devant soi la route de Trabzon, l'antique Trébisonde, et quatre cent kilomètres après avoir quitté Istanbul, on pénètre dans la banlieue d'Ankara.
L'impression d'ensemble est mitigée. Bien que plus propre qu'Istanbul, la ville n'a pas de charme et les autorités tentent de lui conférer son image de capitale et plantant ça et là un peu de verdure incongrue. Les bâtiments militaires impeccables sont omniprésents.
Nous nous rendons dans les locaux d'une société de service qui souhaite travailler avec nous. Comme souvent en Turquie, nous sommes reçus dans un bureau aux allures d'appartement. Il y a d'immenses fauteuils en cuir gris pâle, une table basse, un service régulier de thé, de café et de friandises, deux grands portraits d'Ataturk et même une télévision allumée en sourdine sur
Power Turk TV, sorte de MTV locale.
La discussion est toujours courtoise, j'ai juste un peu de mal à ne pas rire, lorsque la télévision, disposée à côté de mon interlocuteur, m'envoie des images d'une fille presque nue en train de se frotter suavement le visage avec des glaçons.
Avant de quitter Ankara, nous allons visiter l'incroyable
Mausolée d'Ataturk, construit sur l'une des collines de la ville. Le bâtiment, inspiré par les tombeaux antiques, est fort impressionnant par son austérité majestueuse. Un musée, situé sous le mausolée amène le culte du grand homme près du ridicule, en n'hésitant pas à exposer ses chaussures, ou un joli rameur en bois des années 20.
Nous parcourons en sens inverse les 400 kilomètres d'autoroute, mais cette fois ci, les effroyables embouteillages quotidiens d'Istanbul ralentissent notre retour le long du Bosphore.