Das Wirtshaus
C'était une
belle soirée à Berlin, après la représentation de la
Fanciulla del West à laquelle F., qui y jouait la partition de celesta nous avait invités, Alban Berg et moi. J'avais particulièrement aimé les instants où tard dans la nuit, dans son petit appartement de
Prenzlauer Berg, F. nous avait fait entendre sur son piano quelques détails de l'opéra. Et puis nous avions écouté de nombreux disques en buvant de l'alcool. A un moment il nous avait fait entendre un enregistrement rare du Winterreise. Un
live d'Hermann Prey accompagné par Irwin Gage au Festival de Locarno en 1978. Et en particulier, le
21ème Lied, celui si triste où le Wanderer, longeant un cimetière, le compare à une auberge dont les couronnes l'invitent à pénétrer les lieux. Prey chante ce Lied avec une lenteur incroyable, en permanence à la limite de la cassure, toujours sur le fil, donnant à ce moment l'allure miraculeuse d'une éternité fragile.
Depuis cette nuit à Berlin, j'ai cherché partout ce CD. Je l'ai trouvé samedi matin à la Fnac de Turin, pour la modique somme de 2,50€.
Et depuis, je ne me lasse pas de l'écouter, car le miracle se reproduit...