Sur les pas de Mahler
C'est la première fois que je suis aussi bien placé dans le
Musikverein. Je peux observer pour la premère fois que le plancher de la salle s'élève doucement en direction de la scène. Par un hasard curieux, HL est assis exactement deux rangs derrière moi, à la même place 9, mais au rang 11.
L'allegro démarre avec une violence beaucoup plus forte qu'en mars à Berlin. Le premier motif de cinq notes est nerveux, les cordes claquent; il reviendra, tel un leit motiv rageur pendant tout le mouvement. Je suis subjugué par la puissance des cuivres en particulier dans le choral brucknerien. Michelle DeYoung, Christine Schäfer et le Singverein entrent à la pause entre les deux premiers mouvements.
Deuxième mouvement merveilleux de délicatesse et de précision. Le contre chant des violoncelles pendant la réexposition du thème principal est à pleurer de bonheur. Pendant le passage en pizzicati, les deux solistes sourient, elles semblent nager dans le bonheur de ce tournoiement de notes. Scherzo particulièrement rapide ponctué par des coups de timbales implacables.
Finale moins ample qu'à Berlin, beaucoup plus parfait techniquement. Je suis plus heureux de ce que j'entends, mais moins ému, sans pouvoir dire si celà est du à l'intreprétation ou à mon état d'esprit du moment.
L'après-midi, nous partons à la
Hohe Warte admirer le petit groupe de villas d'Hoffmann : la grande double maison partagée entre Carl Moll et Kolo Moser où Alma et Mahler se sont rencontrés, celle du centre qu'Alma a habité avec Manon et qui est devenue l'ambassade d'Arabie saoudite. Et celle de droite, la plus belle sans doute, où Mahler logeait à ses retours de New York, et où les Moll se sont suicidés le 13 avril 1945, lors de l'entrée des troupes russes dans la ville.
Nous partons ensuite faire notre pélerinage au cimetière de Grinzing. La grande stèle est peu à peu envahie par le lierre. Je pense à la petite Putzi qui repose là, avec son père qui l'aimait tant. Nous allons à la tombe d'Alma toute proche. Une plaque a été ajoutée récemment à la mémoire de Manon Gropius. Plus loin, c'est la tombe de la soeur de Mahler, Justi et des Rosé. Le nom d'Alma Rosé a été inscrit sur la tombe. Nous passons aussi devant la tombe des Moll et des Eberstaller de sinistre mémoire. Tous les acteurs de cette histoire d'il y a cent ans reposent ici désormais, sur cette colline ensoleillée au milieu des vignes.