Alice
Il y avait eu ces commentaires, si systématiques qu'ils m'inquiétaient parfois, il y avait eu quelques échanges de mails, il y avait eu ces
Leningrad cowboys, il y avait eu le
projet de cette rencontre.
Le jour dit à l'heure dite, je suis à l'
Institut Finlandais devant lequel je suis souvent passé sans jamais le remarquer. Je ne sais plus très bien ce qu'elle m'avait dit : une jupe rouge? un sac tennis? Il y a bien les hôtesses en effet typiquement finlandaises avec leur visage long et leurs cheveux si pâles. Il y a la petite table, face à elles, mais personne n'y est installé. Je décide d'aller à l'auditorium. Je regarde autour de moi si quelqu'un tente de capter les regards. La responsable culturelle de l'Institut vient nous présenter le film. Lorsqu'elle dit que "
Aki Kaurismäki est le seul cinéaste finlandais connu hors de Finlande", je me marre, déjà prévenu du gag. Le film commence. Du noir et blanc. A côté de moi un couple français, très beaux tous les deux, le regarde en s'enlaçant. Leurs mains qui jouent en se caressant me distrayent. Lui, assez grand, place toujours sa jambe contre la mienne, ce qui me trouble. J'ai du mal à entrer dans le film dont je trouve le scénario paresseux, même si j'aime son côté absurde. Fin. Je remonte vers le hall d'entrée. Comme je m'y attendais, elle est là, toute ennuyée d'être arrivée en retard. Nous marchons ensemble rue des Ecoles, rue de l'Ecole de Médecine, place de l'Odéon. Nous prenons un verre aux
Editeurs. On parle assez facilement. Je tente, sans vraiment y parvenir, de comprendre sa fascination pour ces pages, que je juge excessive. On parle de nos blessures, de nos envies, de Besson, de Camus, de nos vies, du bonheur, de quelques blogs. L'inégalité de la rencontre, alors qu'elle sait tout de moi et que je ne sais rien d'elle, ne me dérange pas. J'en avais accepté le principe.
Lorsque nous partons, la nuit approche. Rue de l'école de Médecine, un saxophoniste joue tout seul, incongru et grandiose. Sur un mur, se tient un immense panneau avec une phrase en anglais sur les rêves. Je me dis qu'elle est adaptée à la situation. Je me dis qu'il faut que je la retienne. Et je l'oublie aussitôt.
Concernant les commentaires, je crois que c'est tout simple. J'ai dû écire "ça vaut les commentaires sans post", tu as répondu "ça réconforte des posts sans commentaire". J'étais en train de flipper, un peu perdue, ça a sonné comme un jeu ou un défi, il y avait ce mot "réconforter" que j'ai pris au sérieux et j'avais vraiment envie de laisser des commentaires, comme on écrit au crayon dans les marges des livres.
Ce blog m'a aidée à traverser une mauvaise passe :)
Alice -
email| 23.06.05 @ 07:36 >