Shostakovich
Je devais être à huit heures devant cette petite maison du boulevard Pereire pour un événement que j'attendais depuis longtemps : entendre Alban Berg jouer pour la première fois. Au programme la sonate pour violoncelle et piano de Shostakovich. Tout a mal commencé. Je pars en retard du bureau. Difficile de se garer. Pourtant, malgré mes quinze minutes de retard, quelqu'un m'attendait. Je pénètre dans un hall poussiéreux. Le concert a déjà commencé. J'écoute donc de loin, a travers une porte ouverte un peu plus loin, en m'efforçant de ne pas faire grincer le parquet.
Mes impressions ont été les suivantes :
- tiens, il ne m'avait pas dit qu'il y avait aussi une oeuvre baroque.
- il joue vraiment très faux. je n'oserai pas le lui dire.
- son violoncelle sonne vraiment aigu ce soir.
Ces trois pensées se sont succédées en quelques secondes et j'ai aussitôt compris que j'entendais un alto, et un autre instrumentiste.
A la pause j'ai pu entrer dans la salle, et m'installer parmi une douzaine de jeunes filles japonaises. Deux oeuvres plus tard, c'est le Shostakovich. Alban Berg s'en sort impérialement. Ce qui est frappant, c'est la facilité avec laquelle il se joue des difficultés, sa main gauche descendant et remontant comme un félin le long des cordes, avec une précision quasi diabolique. A la sortie, petit dîner au café Pierre. Vous me refaites quand un cadeau pareil Msieur Berg?