Une exceptionnelle Huitième de Mahler
Après une journée de vadrouille dans la ville, nous avions rendez-vous au
Konzerthaus pour notre premier concert : la
Huitième Symphonie de Mahler par le
Berliner Symphonie Orchester sous la direction d'Eliahu Inbal. En approchant du Konzerthaus, je repense au concert Mahler auquel j'avais assisté 15 ans plus tôt dans cette même salle. Je songe aussi à la seule fois où j'ai déjà entendu la
Huitième à Paris, déjà dirigée par Inbal. J'ai toujours eu des difficultés avec cette symphonie que je trouve inégale et parfois boursouflée, excessive. Les conditions de la création en 1910 à Munich, avec plus de mille exécutants ont beaucoup influencé la façon dont elle est interprétée aujourd'hui, la poussant souvent vers un gigantisme outrancier.
La grande salle blanche et or est pleine à craquer, tant sur scène que dans la salle : deux choeurs symphoniques, un choeur d'enfants et huit solistes prêtent main forte à l'orchestre. Le
Veni Creator éclate, chanté par tous les choeurs, soutenus par l'orchestre et l'orgue. L'interprétation présente quelques imperfections techniques, les solistes sont inégaux, les choeurs sont d'une beauté idéale mais surtout, Inbal conduit avec une merveilleuse compréhension de l'esprit mahlerien. La symphonie s'achève dans l'apothéose proche du final de de la
Deuxième Symphonie. Je ne peux m'empêcher d'être submergé par l'émotion, d'avoir les yeux inondés de larmes. Je ne regarde pas mon voisin car je devine qu'il est exactement dans le même état.
Nous passons ensuite la soirée au bar du K
onzerthaus à boire des bières et à discuter avec un petit groupe de musiciens français membres de l'orchestre et qu'Alban Berg a bien connus lors de tournées à l'étranger. Je suis évidemment ravi de cotoyer l'envers du décor.