Pèlerinage à Bayreuth
Je pars le matin avec Alban Berg et sa jolie collègue violoniste préférée. Le paysage de l'autoroute dans la neige est superbe. Nous écoutons et ré-écoutons la belle
Romance à l'étoile de
Tannhäuser, lorsque le crépuscule inspire à Wolfram une hymne à l'étoile du soir, qui à ses yeux, est le symbole de l'amour supraterrestre. Elle résonne encore dans nos oreilles lorsque nous arrivons devant le Festspielhaus que j'ai vu tant de fois en photographie.
Sur le côté du bâtiment, la billeterie est annoncée dans toutes les langues mais elle est surmontée d'un gros panneau GESCHLOSSEN. Un bon symbole de l'endroit devant lequel nous posons pour quelques photos souvenirs.
Dans le petit centre de Bayreuth une cabine téléphonique
France Telecom se tient, incongrue. Nous envisageons d'écrire au maire de Bayreuth afin de réclamer la restitution de ce bien sans doute confisqué pendant l'occupation...
Nous faisons une pause déjeuner avant d'aller visiter la
villa Wahnfied temple du culte wagnerien. Devant la villa, trône un buste de Louis II. Sur le fronton nous lisons l'explication du nom donné aux lieux :
Ici, où mes illusions trouvèrent la paix - Wahnfried - ainsi je nomme cette maison.
Nous revenons à Schweinfurt car l'heure du second concert approche. Les bus qui emmènent les musiciens à la salle de concert partent pile à l'heure prévue, nous laissant Alban Berg et moi devant l'hôtel alors que nous attendions son amie violoniste. Plutôt qu'ils aillent à pied au
Stadttheater, je leur propose de décapoter la lada de façon à ce que nous puissions tenir à trois avec le violoncelle. Ils acceptent en rigolant. Arrive un gros bonhomme essouflé qui a visiblement raté lui aussi le bus. Il veut absolument monter aussi, mais l'étui bleu, plus Alban Berg, plus lui, c'en est décidément trop pour la banquette arrière. Il redescend résigné. Je lui demande :
- Vous jouez de quel instrument?
- Ah non! Moi je suis le conducteur du troisième bus!
Nous partons tous les trois plus un, le visage fouetté par l'air glacé de Bavière.
On se dit au revoir devant le Théâtre.
J'ai un peu le coeur gros de repartir.
C'était bien.