Les crampons de Madame Dailloux
Il a neigé toute la nuit. Ce matin, la vue de la fenêtre de l'hôtel était impressionnante : cinq courts de tennis recouverts d'une couche blanche inviolée. Sur le sixième totalement envahi de traces de pas, trônait fièrement un bonhomme de neige. Je quitte l'hôtel en faisant attention. Les trottoirs sont impratiquables. Il faut marcher dans les traces des voitures, particulièrement glissantes. Les rues conduisant à notre bureau sont extrêmement pentues, de l'ordre de 40%. Je pense à ma maîtresse de 7ème, Madame Dailloux, que nous avions affublé du surnom de
Mère'Daille. Elle nous vantait les mérites de ses crampons qui lui permettaient de passer les hivers rigoureux de l'Auvergne sans risque de chute. Ca nous faisait bien rigoler. Mais ce matin, en faisant des pas de vieillard, pas très fier de mes chaussures
Paul Smith aux semelles lisses, je pensais à elle affectueusement.
Il a continué de neiger toute la journée. Au moins cinquante centimètres de neige partout. La ville est belle et le son des muezzins est plus assourdi. Je reste surpris de l'activité qui se poursuit presque normalement. La circulation est lente, mais relativement fluide. A Paris, rien ne fonctionnerait depuis vingt quatre heures.