Uro I
Mon père a souvent été atteint de coliques néphrétiques. Pour ceux qui ne le savent pas, ce symptome n'a rien à voir avec une quelconque dysenterie. Il s'agit d'un blocage des voies urinaires par un calcul, du sable ou parfois un petit caillou. Tous ceux qui l'ont ressenti savent que c'est horriblement douloureux. Autrefois, on en mourait. Napoléon III est d'ailleurs décédé en Angleterre des suites de la présence dans sa vessie d'un caillou de la taille d'un oeuf de pigeon.
J'ai donc souvent vu dans mon enfance mon père arpenter la maison en se lamentant, tant la douleur est aigüe. Malgré la possibilité d'une transmission génétique, j'ai échappé au mal, sauf une fois, sans doute pour me faire goûter au plaisir de la chose.
Après cette unique crise, mon médecin m'a demandé de faire un examen approfondi des voies urinaires, une urographie. Je me suis rendu un matin à jeun dans un laboratoire d'analyses. On m'a fait coucher nu sur une planche en métal et on m'a injecté dans les veines un liquide assez désagréable qui donne une impression de chaleur dans tout le corps. Quinze minutes plus tard, on a commencé à me prendre des radios dans tous les sens. On m'a ensuite fait boire un demi litre d'eau. Puis nouvelles radios, la vessie pleine, la vessie vide et la vessie en train de se vider. Cette derniere était la plus pittoresque. Imaginez la scène. Je suis debout, nu comme un ver, dans une salle, face au mec qui fait la radio. Dans la main droite je tiens une bouteille dans laquelle j'ai enfilé le bout de mon sexe. Là, je me concentre. Et au moment où je commence à pisser, je lui donne fièrement le top depart. Eh hop! Le petit oiseau est sorti...