Le sommelier dijonnais
Je passe deux jours complets avec mes clients turcs. Parfois un peu de tension lorsque l'on parle de notre projet ou lorsque l'on a l'imprudence de se laisser entrainer sur des sujets politiques, mais surtout beaucoup de complicités, de fous-rire et de bonne humeur.
Nous avons dîné ce soir dans un restaurant sympathique de Dijon où un faisan aux marrons et au foie gras m'a fait entamer une semaine de Noël de façon plutôt inadéquate. Pendant le dîner, le sommelier nous fait attendre fort longtemps pour chaque comande de boisson. Comme il a le teint vraiment très rouge, nous l'imaginons dans sa cave en train de tester chaque bouteille avant de remonter celle qui a été commandée. Au moment où il nous apportait un Beaune 1996, mon collègue turc me demande de le questionner pour savoir à quelle distance se trouve la cave. Je traduis en français :
- Mon ami aimerait savoir à quelle distance se trouve Beaune...
- A une trentaine de kilomètres, répond le sommelier écarlate
Et le turc d'éclater de rire quand je retraduis les trente kilomètres en anglais.
- Ils pensaient que c'était à quelle distance? me demande le sommelier soupçonneux
- A cinq cent mètres environ...
- Oh ben non! proteste-t-il...
Et nous de rigoler comme cinq imbéciles.
Mes clients ont tenté désespérément de me faire retenir la façon de dire
A votre santé ou
Prosit en turc. Ca se dit apparemment
Chéréfé. Impossible de me rappeler le bazar. A chaque repas ils me le demandaient et je ne me souvenais pas. Pour le dernier dîner, ils se font menaçants :
"Si vous ne vous souvenez pas, on ne signera pas de contrat!" et moi de bredouiller, de chercher... Soudain la lumière se fait et je dis :
Enchéke! Et tous les turcs de se rouler par terre de rire.
Enchéke en turc, c'est un sexe de femme, me glisse à l'oreille mon collègue turc entre deux crises de rire...