La première de Roméo et Juliette au Théâtre de la Porte Saint Martin
Je suis parti un peu tard du bureau et bien évidemment le trafic était épouvantable. Arrivé au
Chatelet, le quartier était totalement bloqué et j'ai choisi de me garer au parking près de la Tour Saint Jacques. Il était huit heures moins cinq, je marchais d'un pas rapide sur le Boulevard de Sebastopol, il n'y avait évidemment ni taxi ni bus. J'ai enfin trouvé un taxi qui avait fini son service et qui a bien voulu me déposer près du théâtre. Il était huit heures cinq mais Azouz m'attendait sagement et beaucoup de monde faisait encore la queue pour récupérer son billet. Le spectacle a démarré très en retard, avec l'excitation liée aux premières. Cette nouvelle version de
Roméo et Juliette est de mon point de vue un grand succès. N'ayant vu jusqu'à aujourd'hui la pièce qu'au cinéma (Franco Zefirelli entre autres) j'ai été subjugué par le romantisme absolu qui nous est présenté, la fraicheur de ton de ces adolescents, le modernisme du propos et l'humour, toujours présent. Les deux acteurs principaux, Niels Schneider et Ana Girardot (la fille d'Hippolyte, rien à voir avec Annie) n'ont pas l'âge précisé par Shakespeare mais pourrait-on vraiment monter Roméo et Juliette avec des acteurs de quatorze et seize ans? Ils sont d'une grande justesse et Niels Schneider, en particulier, rentre totalement dans ce beau romantisme incandescent. Valérie Mairesse, dont on a un peu de mal à se souvenir maintenant des rôles sexy de ses débuts, campe une Nourrice truculente et attachante. Quelques petits accrochages de texte ce soir, ce qui n'a rien de gênant, et même une erreur qui n'en était pas une: lorsque le valet déclare : "
Trouver les gens dont les noms sont écrits ici ? Il est écrit… que le cordonnier doit se servir de son aune, le tailleur de son alêne, le pêcheur de ses pinceaux et le peintre de ses filets", j'ai sincèrement cru qu'il s'agissait d'une erreur de mémoire, mais l'inversion est en fait due à l'humour de Shakespeare. Je ne suis probablement pas le premier à m'être trompé.
Belle soirée donc dans cette version modernisée de Nicolas Briançon (le texte a été légèrement modifié et des personnages fondus en un seul) et tout fonctionne bien, y compris la transposition dans la Vérone des années trente, où les musiciens à la discrète présence sur scène ou dans une loge. Seul bémol, des décors de murs mouvants et gris qui passent quasiment inaperçus.
Dîner au
Café Beaubourg avec Azouz.