Tchaikowski par Vladimir Ashkenazy, le Philharmonia Orchestra et Vadim Repin au Théâtre des Champs Elysées
Ce soir, dans la rubrique "
le plus mauvais public du monde", ma voisine de droite prend un sac en plastique dès les premières notes de
Roméo et Juliette, l’agite frénétiquement, en extrait une bouteille de sirop et se met en en boire des lampées à intervalles réguliers, intervalles entrecoupés d’une toux grasse du meilleur cru. Au bout de dix minutes, elle a capitulé, m’a fait lever et a quitté la salle, non sans avoir informé bruyamment son mari, et elle est allée tousser juste derrière la porte de façon à ce que l’assistance ne perde rien de sa phtisie avancée.
Bref, ce soir on prend les mêmes ou presque et on recommence: Vladimir Ashkenazy (dont je trouve qu’il est un mélange de Gérard Darmon et de Mimi Mathy) remonte sur son estrade gigantesque, et dirige l’orchestre
Philharmonia dans Tchaikowski. Magnifique poème symphonie de
Roméo et Juliette, avec son thème tellement lyrique qu’il tirerait des larmes au plus endurci des terroristes et je peux confirmer que, du point de vue de l’acoustique, les places du deuxième balcon de face sont probablement les meilleures du
Théâtre des Champs Elysées. Le son de l’orchestre était nettement moins acide que la veille. Le concert se poursuivait avec le
Concerto pour violon, avec Vadim Repin en soliste, qui a tiré un son magnifique et chaud de son
Guarnerius del Gesù, qui répond, Dieu sait pourquoi, au nom de «
Bonjour ». Je ne crois pas avoir rêvé, mais il me semble avoir perçu de nombreux problèmes de justesse, ce qui n’a pas empêché sa performance d’être superbe, avec notamment une cadence éblouissante. Le public ravi, applaudit bruyamment la fin du premier mouvement, au grand agacement de Vladimir Askhenazy. La deuxième partie était consacrée à la
Quatrième Symphonie, que je n’avais pas entendue en concert depuis fort longtemps. Ashkenazy l’a tirée vers dans une direction très moderniste, ce qui est très rarement fait avec Tchaikowski mais certains passages (le
Scherzo notamment) annonçaient clairement la musique de Schostakovich. Sans doute pour remercier le public qui, une fois encore, a applaudi frénétiquement à la fin du premier mouvement, Ashkenazy nous annonce un bis dans un très bon français : il s’agit de la
Barcarolle extraite des
Saisons (Juin) et joliment transcrite pour orchestre par un des membres du
Philharmonia que la salle a justement ovationné.
Alors que je rentre en voiture chez moi, j’entends de nouveau sur
Radio Classique le dernier mouvement de la
Quatrième Symphonie. Le son vient de la
Salle Pleyel où, hasard des programmations, Paavo Järvi dirige cette même œuvre ce même soir avec l’
Orchestre de Paris. J’y serai demain et la confrontation promet d’être passionnante.
Longue discussion avec Sylvain, mon voisin
grindr, qui est malade. Nous remettons notre rencontre au vendredi.