Julian I
Réunion ennuyeuse dans la banlieue est de Paris avec une cliente capable de parler toute seule pendant des heures et affublée d’un bijou pendentif qui ressemble à une clef USB.
Déjeuner chez
Dumonet avec des collègues (toujours aussi bien)
Le soir, je regarde
Family Plot à la télévision, ce dernier Hitchcock que je n’avais pas revu, oserai-je l’avouer, depuis sa sortie. Alors que je regarde le film, je pianote de la main gauche sur
grindr et discute avec un australien furieusement beau et très charmant qui, à mon grand étonnement accepte d’aller boire un verre une heure plus tard. A vingt trois heures et cinq minutes, je suis donc en voiture décapotée
Place de l’Etoile à l’angle de l’
Avenue de Wagram. Il est là, encore plus beau que sur sa photo et s’assoit à côté de moi en me disant avec un sourire déconcertant et un accent merveilleux : "
Bonjour je m’appelle Julian". Je découvre qu’il est modèle, ce qui n’a rien d’étonnant, qu’il a faim, ce qui l’est plus, et qu’il joue du violon (en ce moment, il travaille le
Concerto pour violon de Mendelssohn) et on entre quasiment dans l’invraisemblable. Nous partons pour l’
Esplanade, seule adresse un rien élégante qui me vient à l’esprit en cette heure tardive. Salade de crabe pour moi, cabillaud aux épinards pour lui, le tout arrosé d’un bon chablis. On se raconte nos vies, son violon, il a joué la
Septième de Schostakovich et la
Neuvième de Mahler avec l’orchestre de Brisbane) la mort toute récente de son père, son boulot alimentaire chez
Nespresso à Brisbane, ses projets dans la vie. Je suis sous le charme et on fait la fermeture des lieux. Je serais bien resté jusqu’à l’aube avec lui sous le charme de ses yeux bleus et de son sourire étincelant, mais il est fatigué, moi aussi pour être honnête et je le dépose devant son hôtel rue Troyon. Au moment de se dire au revoir, je m’approche afin de l’embrasser sur les joues mais il me présente ses lèvres et, comme un idiot, j’esquive et je l’embrasse gentiment sur ses deux joues toutes douces.