Le tu et le vous
J'ai toujours eu le tutoiement facile, en particulier au bureau. Pourtant je regrette beaucoup que le vouvoiement ait tendance à disparaitre. Faire l'amour en se vouvoyant provoque une relation étonnante qui vaut la peine d'être essayée. Lorsque j'étais adolescent, j'avais lu les souvenirs de Paul-Emile Victor qui racontait que dans sa jeunesse, il avait rencontré Henry de Monfreid qui lui avait demandé de le tutoyer. Et le jeune Paul-Emile s'était senti immensément honoré de ce tutoiement. Je me souviens aussi d'une remarque amusante de François Mitterrand qui pendant la campagne électorale de 1981, avait été accueilli par une jeune représentante du parti socialiste avec un :"
Salut François, on se dit tu ou on se dit vous?" auquel il avait répondu "
Comme vous voulez!". Dans le même esprit, lorsque la RATP a supprimé la première classe dans le métro, des mauvaises langues avaient commenté : "
ils auraient du supprimer la seconde classe, comme ça, tout le monde voyagerait en première."
C'est une grande erreur que d'estimer que tous les anglais se tutoient. En fait ils se vouvoient puisqu'il n'existe pas d'autre moyen de d'appeler différemment ses proches et ses amis. Un peu comme la vie qui n'a de valeur que par le risque de la mort, le tu ne vaut que dans la généralisation du vous.