Le Nain et L’enfant et les sortilèges à l’Opéra Garnier
Je repasse à la maison pour me changer en
black tieless et je récupère Paul rue Washington. Il est beaucoup moins efféminé que sur ses photos (en général c’est l’inverse) et il a surtout une étonnante assurance pour son âge. On s’installe à l’orchestre du Palais Garnier et il semble un peu impressionné par le lieu. Il y a un rideau de scène sur lequel sont représentés les deux héros de la soirée, Ravel et Zemlinsky, tous deux au piano avec sur leur pupitre deux photos de femme : Alma pour Zemlinsky et pour Ravel... sa mère Marie Delouart (!)
Première partie avec
Le nain de Zemlinsky, livret d’Oscar Wilde (qui après celui de Salomé semblait avoir une prédilection pour la musique germanique) et que j’entends pour la première fois. L’œuvre est belle, la décoration aux grands arbres asperges amusante, les voix sont un peu faibles à part le nain chanté par le ténor Charles Workman.
L’artifice du chanteur qui tient le pantin du nain devant lui devient vite un peu fastidieux. A mes côtés, Paul s’endort rapidement. Puis au bout d’un quart d’heure il se réveille et se met à tapoter du
facebook sur son
iPhone, au grand dam de ses voisins. Je lui fais signe d’arrêter. Il a l’air surpris mais éteint son téléphone.
A l’entracte, je lui propose de rentrer s’il s’ennuie à ce point là mais il décide de rester pour
L’enfant et les sortilèges. Nous nous réinstallons pour une œuvre heureusement plus facile que
Le Nain. Il s’agit plus d’une féérie musicale que d’un opéra et le lien de parenté avec
Alice au Pays des merveilles est évident. L’ensemble n’a pas très bien vieilli et certains numéros sont même péniblement datés, la mise en scène ne faisant rien pour les rajeunir. Il y a cependant des perles musicales dont le fameux
hectomètre kilomètre décamètre, mais aussi la scène de nuit, chaude et enchanteresse.
Je dîne avec Paul au nouveau restaurant construit dans l’Opéra. Il me raconte tout ce qu’il a vécu depuis son adolescence, sa venue à Paris (comment ses parents peuvent-ils le laisser ainsi seul à Paris ?). Je le dépose devant chez lui en sachant fort bien que l’on ne se reverra pas.