La Giocconda à l’opéra de Rome
Je prends le vol de 7h10 pour Rome, et embarqué le premier et assis au premier rang, je constate avec tristesse la bêtise de mes contemporains, la palme d’or appartenant à cet abruti qui enguirlande l’hôtesse lorsqu’elle lui demande sa carte d’embarquement, jure ses grands dieux que la dite carte ne lui a pas été rendue à la porte, bloque l’allée centrale pendant cinq bonnes minutes, insulte la terre entière, avant de retrouver la carte dans ses bagages.
Rome Fiumicino Termini par train
Leonardo dans la lumière du matin.
Déjeuner seul à la
Matriciana avec de la
puntarella et des
bucatini alla matriciana. J’achète pour Mario les Mémoires de Da Ponte.
Le soir, un verre de vin de pétillant dans l’appartement de
Mario, dont la terrasse domine Rome. Puis, nous partons à l’opéra de Rome, salle assez laide de l’après guerre que je visite pour la première fois. Mario connaît tout le monde, le chef de la Police, des jolies filles qui veulent embrasser et encourager le quasi centenaire. Je lui tiens le bras mais souvent il m’échappe et marche à toute vitesse sur un rythme saccadé.
Que dire de
La Gioconda que j’entends ce soir pour la première fois? C’est un opéra bien long, quatre heures avec les entractes et dont les actes sont inégaux, le deuxième étant de loin le plus intéressant. J’étais aussi heureux d’entendre pour la première fois au concert la fameuse
Danse des Heures, que je connais depuis mon enfance, alors que ma sœur adorait l’écouter sur un LP ou figurait aussi un extrait de
Coppelia. Le ballet de ce soir était éblouissant et Mario, à mes côtés criait des
Magnifico! enthousiastes.
Pour être très honnête, j’atais assez heureux de voir la
Gioconda se suicider à la fin de l’opéra à minuit quinze et, dès l’opéra terminé, plutôt que d’applaudir, Mario s’est levé et a déclaré qu’il avait faim. Nous sommes allés à la
Matriciana et j’avais peur d’avoir l’air un peu idiot au cas où le serveur du midi me reconnaitrait. Assis en face de Mario, j’ai pu constater qu’à 96 ans, il avait un solide appétit. Après une
puntarella en guise de mise en bouche, il a pris une énorme platée de
bucatini alla matriciana, puis, comme il avait encore un peu faim, une belle assiette de
porcini poélés et pour finir, un gros gâteau. Et cela faisait plaisir à voir que de le regarder se faufiler entre les voitures dans le trafic romain pour rejoindre le parking.