Saint Jean d’Acre, la Galilée et le Golan
Je suis parti de bonne heure vers le nord en direction d’Haïfa. Je ne connaissais pas cette partie de la côte et je suis surpris de constater l’extension de l’urbanisation, en particulier autour de Netanya qui devient un petit Tel Aviv. A des milliers de kilomètres de là, à Bangkok, Michael suit ma progression sur son
iPad.
Je ne m’arrête pas à Haïfa qui me donne l’impression d’être une ville sans charme et je poursuis jusqu’à Saint Jean d’Acre,
Akro en hébreu, dont la vieille ville est une enclave arabe en Israël. Je reste quelques heures dans la ville à admirer les fortifications turques, le port, les mosquées, les maisons des croisés et surtout le souk qui n’a rien de touristique mais qui est un véritable marché avec des vendeurs de fruits et légumes et des marchands de jouets (les
kalachnikovs en plastique semblent être le cadeau phare).
Toujours dans le souk, j’aperçois un petit restaurant avec une impressionnante file d’attente et, intrigué, je tente d’y avoir une table. Comme je suis seul, c’est facile et le serveur m’installe à une table à deux, en face d’un type que je ne connais pas et qui est attablé devant des hommos et une salade. Je découvre d’ailleurs qu’il n’y a rien à demander, c’est un restaurant à plat unique. Je commence à discuter avec mon voisin de table qui s’avère être israélien. Il me dit que j'ai de la chance car ce sont les meilleurs hommos d’Israël et il rigole quand je lui demande si on peut avoir un peu de vin. Il explique que le coin est habité moitié par des arabes, moitié par des juifs et que la cohabitation se passe plutôt bien. Il a fait son service pendant la guerre avec le Hezbollah en 2006 et me précise que les arabes n’ont pas l’obligation de faire leur service militaire. Certains toutefois, le font. Je quitte le restaurant après avoir payé quinze shekels, soit trois euros et c’était l’un des repas les moins chers de ma vie.
Je reprends la route en direction de Nazareth et de la Galilée et je m’amuse à prendre en photo le panneau indicateur d’un village du nom de Kabul près duquel je passe. La route s’élève après Nazareth puis redescend en boucle en offrant des paysages magnifiques jusqu’au lac de Tiberiade qui se trouve à deux cents mètres en dessous du niveau de la mer. Derrière le lac, une montagne sèche : c’est le plateau du Golan, et derrière encore, c’est la Syrie.
Je reste une heure à la piscine de l’hôtel et je repars en voiture avec pour objectif de m’approcher au plus près de la frontière syrienne. Un peu après Capharnaüm, la route monte en lacet vers le sommet du plateau. Il y a une église dans un tournant, à l’endroit où le Christ aurait prêché les Béatitudes dans le fameux sermon sur la montagne. La vue sur le lac y est particulièrement superbe. Je roulerai environ une heure jusqu’à une montagne en haut de laquelle se trouve un bunker désaffecté et un panorama superbe sur Israël et sur la Syrie. Au loin, on devine des barres d’immeubles. C’est la banlieue de Damas et c’est la guerre.
En redescendant sur Tibériade, alors que je longe la frontière syrienne, la route présente de nombreux
check points mais sans aucun soldat ou contrôle. A un moment, il y a un panneau
Niveau de la Mer qui me fait sourire.