Le chant de la terre à la Philharmonie de Berlin ou Mon dernier concert de l’année Mahler
J’ai de la chance d’avoir choisi de partir à Berlin par easy-jet. Cela me permet d’éviter la grève des personnels qui vérifient les bagages à Roissy. En revanche l’aéroport de
Schönefeld est beaucoup moins pratique que celui de
Tegel et je prends le train de l’aéroport jusqu’à
Friedrichstraße, avec un changement à
Östkreuz, dans un décor d’apocalypse au milieu d’un terrain vague et de travaux répugnants.
Je fais une première sieste d’une heure avant d’aller déjeuner au
café Einstein, puis une deuxième sieste avant de me rendre à la
Philharmonie pour le dernier concert du cycle
Mahler Rattle.
En première partie, des extraits de la petite renarde rusée et je dois encore une fois reconnaître que la musique de Leos Janacek me laisse de marbre. Trois chanteurs se partagent cette première partie : Gerald Finley, toujours aussi extraordinaire, Anne-Sofie von Otter et Stuart Skelton, un gros américain joufflu, visiblement ravi de chanter à la Philharmonie et dont la bouche se tord de façon asymétrique lorsqu’il chante, ce qui le rend à la fois fascinant et un peu répugnant.
Pendant toute cette première partie, je me demande quelle version du Chant de la Terre on va entendre ce soir. Le ténor chantera bien sûr mais on pourrait entendre aussi bien Gerald Finley que Anne-Sofie von Otter pour chanter der Abschied. J’aurai la réponse lorsque seul Gerald Finley recevra un bouquet de fleurs à la fin du Janacek.
Mon premier
Chant de la Terre à la
Philharmonie sera inoubliable au niveau de l’orchestre avec en particulier un Emmanuel Pahud éblouissant dans le dernier
Lied, mais bien bancal vocalement, avec Stuart Skelton hurlant de toutes ses forces et sans aucune subtilité tandis que Anne-Sofie von Otter minaudait dans un style hors sujet pour une telle œuvre. On peut difficilement imaginer un duo plus mal assorti que celui de ce soir. Il était d’ailleurs amusant d’observer combien Anne-Sofie von Otter semblait excédée par le style de son collègue, elle ne lui jetait jamais un regard, alors que dans le Janacek, elle semblait sous le charme de Finley et le regardait en permanence avec une admiration visible.
En quittant la scène Stuart Skelton balance (je ne trouve pas d’autre mot) son bouquet dans le torse d’une spectatrice du premier rang et, avec un rien de moquerie, Anne-Sofie von Otter fait de même avec un spectateur.