James Blake au Paradiso
Pour la même raison que la veille, brouillard au dessus de
City Airport, mon vol est retardé de nouveau de deux heures et j’arrive vers midi à Amsterdam ensoleillée et froide. J’achète pour S. un exemplaire de la
Gran Partita par le
Nederlands Blazer Ensemble, le disque Beethoven des
étonnants frères Jussen en promo à 8 euros, j’avale un hareng nouveau (tant pis pour mon haleine de la journée), j’achète un jean gris 34/34 chez
Scotch & Soda et je rentre travailler à l’hôtel.
Comme j’avais deux places pour le concert de James Blake et que je n’avais pas envie d’y aller seul, j’ai proposé la seconde à Marcel, un hollandais professeur de musique, blond comme les blés et très sympa, avec qui j’avais discuté la veille depuis Londres. Les français trouvent ça marrant qu’un hollandais puisse s’appeler Marcel, mais pourtant, c’est un prénom assez fréquent aux Pays-Bas.
Le concert de James Blake a lieu au
Paradiso, ainsi nommé car construit dans une ancienne église, mélange de genre qui me met toujours mal à l’aise. C’est une grande nef carrée avec un balcon aux piliers métalliques et une charpente pointue hélas cachée par l’éclairage puissant. On arrive à la fin de la première partie, un black qui chante en s’accompagnant au violon ou plus tôt qui joue un premier thème au violon, puis un contrechant qui s’ajoute à l’enregistrement de la première voix et qui ensuite chante et joue le tout s’additionnant aux
samples qui tournent en boucle. L’ensemble serait plutôt sympa mais le système audio est tellement médiocre que le résultat est finalement désagréable.
Fort heureusement, James Blake bénéficie du système audio principal qui est incroyablement performant avec des graves qui envahissent le corps et des aigus qui agressent les tympans comme des éclats de verre. La plupart des spectateurs ont des protections d’oreilles ce qui a vraiment tendance à m’inquiéter. James Blake est un jeune homme à la mode et il a su picorer ce qui est dans l’air du temps : un son électro très sophistiqué, de belles mélodies que sa voix retravaillée électroniquement met en valeur, et un côté minimal et répétitif qui fait parfois penser à Philip Glass. James Blake joue aussi devant un système de claviers et de pédales assez complexes, il se dandine sur sa propre musique, la mèche rousse savamment étudiée et il a l’air ravi de sa célébrité naissante et de faire plaisir à un public nombreux et conquis d’avance. L’écoute du disque, que j’ai adoré, est très différente de celle du concert, beaucoup plus impressionnant de par le son puissant qu’il dégage. Mais j’ai tellement peur de l’impact des expériences acoustiques extrêmes, que je ne suis pas sur que je renouvellerai, ou alors je porterai moi aussi des protections.
J’ai bu un verre avec Marcel à
Boven de Balie et nous avons parlé français car, comme de nombreux hollandais, il parle très bien notre langue.